Sidi Lakhdar Ben Khlouf
Un poète émérite
Par Yacine Idjer
?vocation n Le poète Sidi Lakhdar Ben Khlouf était, hier, samedi, au centre d’une discussion à la Bibliothèque nationale, et ce à l’occasion de la sortie d’un ouvrage qui lui est consacré.
Abdelkader Bendaâmeche,
journaliste et écrivain, a expliqué que «ce livre comprend une quarantaine des poèmes de Sidi Lakhdar Ben Khlouf. Ce poète a vécu au XVIe siècle et est considéré comme un émérite et une grande verve poétique. C’est une école, une référence en poésie populaire mais aussi un mystique (soufi).»
L’orateur a, par ailleurs, expliqué que de nombreux artistes, notamment les interprètes de la chanson chaâbi ont puisé dans son répertoire tant ses textes sont d’une autorité poétique et d’une grande portée sémantique et thématique.
Si Sidi Lakhdar Ben Khlouf qui a fait l’objet de tant de recherches, de réflexions et de débats, se révèle un grand poète, c’est parce que sa poésie est monumentale. «Il est acteur des moments historiques», a-t-il dit. Et de poursuivre : «Dans ses poèmes, il raconte des faits. Sa poésie est un témoignage de son temps, de sa société. Sidi Lakhdar Ben Khlouf est aussi un sociologue parce qu’il a su, et d’une façon judicieuse et descriptive, donner un visage de la société algérienne. Il a su la décrire d’une manière saisissante.» Abdelkader Bendaâmeche a relevé ensuite que le poète possède mille qacidate (poèmes). «Dans ses textes, Sidi Lakhdar Ben Khlouf dit avoir écrit mille poèmes, mais jusqu’à présent l’on n’a pu, cependant en recenser seulement près de trois cents», a-t-il indiqué.
Puis, Mehieddine Bentobdji, président de l’association Azur de Mostaganem, une association qui a accompagné ce projet, a déclaré que «l’idée de faire un livre vient de ce souci de sauvegarder la culture populaire qui se perd malheureusement.» C’est aussi, selon l’intervenant, pour consigner, archiver ce legs, cette mémoire orale à travers laquelle apparaît l’histoire de l’Algérie. «C’est mettre enfin ce patrimoine à la portée de tous», a-t-il souligné. Plus tard, Bouforma El Hadj, auteur du livre, a tenu à préciser la motivation qui l’a poussé à faire ce livre. «Je ne suis ni écrivain ni chercheur, mais plutôt un amateur, un passionné du patrimoine oral et populaire», a-t-il dit. Et d’ajouter : «Si j’ai écrit ce livre, c’est seulement pour un souci de sauvegarde.»
L’orateur a, ensuite, expliqué que le travail n’était pas aisé. «J’ai commencé, a-t-il expliqué, par collecter les poèmes de Sidi Lakhdar Ben Khlouf, ce qui ne m’était pas facile. Parce qu’il fallait retrouver les personnes qui détenaient ses textes, et c’est encore difficile de les convaincre d’y accéder. Il fallait ensuite s’assurer de leur véracité (même si des spécialistes dans ce domaine n’existent pas vraiment). J’ai également collecté les poèmes à travers les enregistrements sonores. Pour ce faire, j’ai dû intervenir sur les textes et les corriger, car certains chanteurs y ont introduit quelques variations qui altèrent leur authenticité.»
Enfin, les intervenants ont tous déploré l’absence d’une volonté politique et donc de moyens financiers permettant la réhabilitation du patrimoine populaire, un legs culturel riche et précieux.
Y. I.
31 mai 2009
1.POESIE