Le Valeureux Petit Tailleur (6e partie et fin)
Résumé de la 5e partie n Le roi ne se décide toujours pas à tenir sa promesse. Il met le tailleur devant un autre défi à relever : vaincre un sanglier qui terrorise la population.
Dès que le sanglier eut aperçu le tailleur, il se précipita sur lui, en écumant et en montrant ses défenses aiguës pour le découdre ; mais le léger petit homme se réfugia dans une chapelle qui était là tout près, et en ressortit aussitôt en sautant par la fenêtre. Le sanglier y avait pénétré derrière lui ; mais en deux bonds, le tailleur revint à la porte et la ferma, de sorte que la bête furieuse se trouva prise, car elle était trop lourde et trop massive pour s’enfuir par le même chemin. Après cet exploit, il appela les chasseurs pour qu’ils vissent le prisonnier de leurs propres yeux, et il se présenta au roi, auquel force fut, cette fois, de s’exécuter malgré lui, et de lui donner sa fille et la moitié de son royaume. Il eut eu bien plus de mal encore à se décider s’il avait su que son gendre n’était pas un grand guerrier, mais un petit manieur d’aiguille. Les noces furent célébrées avec beaucoup de magnificence et peu de joie, et d’un tailleur on fit un roi.
Quelque temps après, la jeune reine entendit la nuit son mari qui disait en rêvant : «Allons, garçon, termine cette veste et ravaude cette culotte, ou sinon je te donne de l’aune sur les oreilles.» Elle comprit ainsi dans quelle arrière-boutique le jeune homme avait été élevé, et le lendemain elle alla se plaindre à son père, le priant de la délivrer d’un mari qui n’était qu’un misérable tailleur.
Le roi lui dit pour la consoler :
«La nuit prochaine, laisse ta chambre ouverte ; mes serviteurs se tiendront à la porte, et, quand il sera endormi, ils entreront, et le porteront chargé de chaînes sur un navire qui l’emmènera bien loin.»
La jeune femme était charmée ; mais l’écuyer du roi, qui avait tout entendu et qui aimait le nouveau prince, alla lui découvrir le complot.
«J’y mettrai bon ordre», lui dit le tailleur. Le soir, il se coucha comme à l’ordinaire, et quand sa femme le crut bien endormi, elle alla ouvrir la porte et se recoucha à ses côtés. Mais le petit homme, qui faisait semblant de dormir, se mit à crier à haute voix : «Allons, garçon, termine cette veste et ravaude cette culotte, ou sinon je te donne de l’aune sur les oreilles. J’en ai abattu sept d’un coup, j’ai tué deux géants, chassé une licorne, pris un sanglier ; aurais-je donc peur des gens qui sont blottis à ma porte ?», en entendant ces derniers mots, ils furent tous pris d’une telle épouvante, qu’ils s’enfuirent comme s’ils avaient eu le diable à leurs trousses, et q
31 mai 2009
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