Le Valeureux Petit Tailleur (3e partie)
Résumé de la 2e partie n Usant de ruse et de malice, le petit tailleur réussit à faire croire, au géant, qu’il est beaucoup plus fort qu’il ne l’est en réalité.
Ils continuèrent leur chemin, et, comme ils passaient devant un cerisier, le géant saisit la tête de l’arbre où étaient les fruits les plus mûrs, et, la courbant jusqu’en bas, la mit dans la main du tailleur pour lui faire manger les cerises. Mais celui-ci était bien trop faible pour la maintenir, et, quand le géant l’eut lâchée , l’arbre en se redressant emporta le tailleur avec lui. Il redescendit sans se blesser ; mais le géant lui dit : «Qu’est-ce donc ! est-ce que tu n’aurais pas la force de courber une pareille baguette ?
— Il ne s’agit pas de force, répondit le petit tailleur ; qu’est-ce que cela pour un homme qui en a abattu sept d’un coup ? J’ai sauté par-dessus l’arbre pour me garantir du plomb, parce qu’il y avait en bas des chasseurs qui tiraient aux buissons ; fais-en autant, si tu peux.» Le géant essaya, mais il ne put sauter par-dessus l’arbre, et il resta embarrassé dans les branches. Ainsi, le tailleur conserva l’avantage.
«Puisque tu es un si brave garçon, dit le géant, il faut que tu viennes dans notre caverne et que tu passes la nuit chez nous.»
Le tailleur y consentit volontiers. Quand ils furent arrivés, ils trouvèrent d’autres géants assis près du feu, tenant à la main et mangeant chacun un mouton rôti. Le tailleur jugeait l’appartement plus grand que sa boutique. Le géant lui montra son lit et lui dit de se coucher. Mais, comme le lit était trop grand pour un si petit corps, il se blottit dans un coin. A minuit, le géant, croyant qu’il dormait d’un profond sommeil, saisit une grosse barre de fer et en donna un grand coup au beau milieu du lit ; il pensait bien avoir tué l’avorton sans rémission. Au petit jour, les géants se levèrent et allèrent dans le bois ; ils avaient oublié le tailleur ; quand ils le virent sortir de la caverne d’un air joyeux et passablement effronté, ils furent pris de peur, et, craignant qu’il ne les tuât tous, ils s’enfuirent au plus vite. Le petit tailleur continua son voyage, toujours le nez au vent. Après avoir longtemps erré, il arriva dans le jardin d’un palais, et, comme il se sentait un peu fatigué, il se coucha sur le gazon et s’endormit. Les gens qui passaient par là se mirent à le considérer de tous côtés et lurent sur sa ceinture : Sept d’un coup ! «Ah ! se dirent-ils, qu’est-ce que ce foudre de guerre vient faire ici ? il faut que ce soit quelque puissant seigneur.» Ils allèrent en faire part au roi, en ajoutant que si la guerre venait à éclater, ce serait un utile auxiliaire qu’il faudrait s’attacher à tout prix. Le roi goûta ce conseil et envoya un de ses courtisans au petit homme pour lui offrir du service aussitôt qu’il serait éveillé. L’envoyé resta en sentinelle près du dormeur, et, quand celui-ci eut commencé à ouvrir les yeux et à se tirer les membres, il lui fit ses propositions. «J’étais venu pour cela, répondit l’autre, et je suis prêt à entrer au service du roi.» On le reçut avec toutes sortes d’honneurs, et on lui assigna un logement à la cour. (à suivre…)
31 mai 2009
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