La tombe (3e partie et fin)
Résumé de la 2e partie :Le pauvre s’acquitta des deux premiers soirs de surveillance de la tombe du riche sans accroc mais la dernière nuit le diable fit son apparition et lui proposa une bourse pleine d’or pour le laisser seul sur la tombe.
«A la bonne heure, reprit le soldat, voilà qui est parler, mais une bourse d’or ne nous suffit pas ; nous ne quitterons la place que si vous nous en donnez de quoi remplir une de mes bottes.
— Je n’ai pas sur moi ce qu’il faut, dit le diable ; mais je vais en aller chercher. Dans la ville, ici près, demeure un usurier de mes amis qui m’avancera volontiers la somme.»
Quand le diable fut parti, le soldat tira sa botte gauche en disant : «Nous allons lui jouer un tour de vieille guerre. Compère, donnez-moi votre couteau.» Il coupa la semelle de sa botte et posa la tige toute dressée dans les hautes herbes, contre une tombe voisine. «Tout va bien, dit-il ; maintenant le noir ramoneur peut revenir.»
Ils n’attendirent pas longtemps : le diable arriva avec un petit sac d’or à la main. «Versez, dit le soldat en haussant un peu la botte; mais ce ne sera pas assez.»
Le malin vida le sac ; mais l’or tomba par terre et la botte resta vide. «Imbécile, lui cria le soldat, cela ne suffit pas. je te l’avais bien dit. Retourne en chercher et rapportes-en davantage.»
Le diable partit en secouant la tête, et revint au bout d’une heure avec un bien plus gros sac sous le bras. «Voilà qui vaut mieux, dit le soldat ; mais je doute que cela remplisse encore la botte.»
L’or tomba en résonnant, mais la botte resta vide. Le diable s’en assura lui-même en y regardant avec des yeux ardents. «Quels effrontés mollets as-tu donc ? s’écria-t-il en faisant la grimace.
— Voudrais-tu, répliqua le soldat, me voir un pied de bouc comme le tien ? Depuis quand es-tu devenu avare ? Allons, va chercher d’autres sacs, ou sinon pas d’affaire entre nous.»
Le maudit s’éloigna encore. Cette fois il resta plus longtemps absent, et quand il revint à la fin, il pliait sous le poids d’un sac énorme qu’il portait sur son épaule. Il eut beau le vider dans la botte, elle se remplit moins que jamais. La colère le prit, et il allait arracher la botte des mains du soldat, quand le premier rayon du soleil levant vint éclairer le ciel. A l’instant même il disparut en poussant un grand cri. La pauvre âme était sauvée. Le paysan voulait partager l’argent ; mais le soldat lui dit : «Donne ma part aux pauvres. Je vais aller chez toi, et avec le reste nous vivrons paisiblement ensemble, tant qu’il plaira à Dieu.»
Contes choisis des frères Grimm. Contes fantastiques et contes facétieux
31 mai 2009
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