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1.Une promesse trahie (1re partie)

31 mai 2009

Non classé

Une ville, une histoire
Une promesse trahie (1re partie)
Par Houria Bekiri

Abstinence n Même sa nourriture est particulière durant ces trois jours : du petit-lait, du pain de seigle ou des galettes, des dattes et un peu de café.

Malika, ma fille, le seul bienfait que je demande à Dieu, c’est de te donner un enfant.
— Yemma, il me reste une chose à faire pour «ouvrir ma ceinture» ; mes amies m’ont conseillée d’aller au «ghrab».
— J’ai pensé à cela, Malika, mais attends, nous irons ensemble… Cette année, je ne me sens pas bien, je dois absolument «nteiëch ênachra» et cela me manque.
La vieille femme, encore alerte malgré son embonpoint, noue son voile noir au-dessus de sa tête et, avant de sortir, lance à sa fille :
— Je ramènerai justement du khôl et du henné avec moi. Ton frère Maâmar se chargera du coq noir…
Et elle baisse sa voilette blanche sur son visage ridé.
Le lendemain matin, Safia se rend au hammam et, quand elle revient chez elle, met sa gandoura blanche et serre sa tête dans un foulard blanc. Elle ne parle plus à personne, observant une sorte de retraite pendant trois jours. C’est l’étape de la purification avant de «jeter» la «nêchra».
Dans la maison, son vieux mari et ses enfants, tous adultes, évitent de faire du bruit ou d’élever la voix.
Tout est calme autour de la mère, qui passe le plus clair de son temps allongée dans son lit aux colonnes de cuivre, ne se levant que pour faire sa toilette ou sa prière. Même sa nourriture est particulière durant ces trois jours : du petit-lait, du pain de seigle ou des galettes, des dattes et un peu de café.
A chaque coucher de soleil, Malika emplit la maison d’encens, qu’elle fait brûler dans un petit kanoun rempli de braises.
Les deux sœurs de Safia, venues lui rendre visite, se contentent de s’asseoir sur un matelas près de son lit, buvant un café en silence, jetant de temps à autre vers leur aînée un regard plein de respect, attentives à ses moindres désirs, remontant ses oreillers, la couvrant quand elles la voient frissonner.
Puis, au bout du troisième jour, toujours sans prononcer une parole, Safia revêt ses plus beaux habits et passe un bâtonnet de khôl entre ses paupières. Ses mains, ses cheveux et ses pieds sont teints au henné grenat. Sa fille Malika, qui est allée au hammam très tôt, se prépare elle aussi.
Puis Maâmar et son père les suivent vers un vieux taxi qui va les mener hors de Constantine, sur les hauteurs du «ghrab», dans une grotte naturelle où se retrouvent les femmes qui font des vœux pour trouver un mari, avoir des enfants ou retrouver la santé en jetant «ênachra» comme Safia.
Dans leurs couffins, un coq noir et des poulets vidés, du pain «khobz eddar», des gâteaux et des fruits (à suivre…)

H.B.

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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