L’honneur, c’est sacré
Attachement
En dépit de l’évolution de sa mentalité, l’Algérien n’arrive toujours pas à briser certains tabous.
Contrairement à ce qu’on a toujours voulu nous faire croire, l’Algérien n’est ni obtus ni coincé, il sait évoluer et il l’a prouvé. Il n’est pas plus bête qu’un autre. Il admet, par exemple, que l’on puisse avoir une double nationalité, il tolère même les mariages mixtes quoiqu’il les déconseille, il admet que des familles monoparentales aient elles aussi le droit de vivre, il admet que l’on puisse fêter le nouvel an à coups de dragées et de chocolat, même s’il le murmure du bout des lèvres, il admet que l’on puisse célébrer Halloween même s’il trouve que cette fête a un côté barbare qui ne dit pas son nom.
Bref, l’Algérien est capable de tolérer beaucoup de choses et de surmonter bien des tabous, mais il reste intraitable en ce concerne certaines valeurs. Pas touche à celles-là, il se braque et sort bec et ongles pour les défendre.
Ainsi en est-il de la virginité. Pas question de transiger avec la pureté de nos filles. La virginité reste le symbole de l’honneur d’une famille, parfois même de la tribu entière.
On ne badine pas avec ce genre de coutumes, ni en ville, ni à la campagne, ni dans les milieux pauvres, ni dans les milieux aisés, ni même à l’étranger quand on y est installé. C’est sacré !
Pour notre société, la virginité n’est pas l’affaire d’un couple, elle le dépasse, elle est l’affaire d’un groupe, elle est le miroir d’une éducation saine expurgée des scories modernes, qu’on nomme night club, boîte de nuit, sortie en groupe, liberté sexuelle ou liberté tout court… Et, d’ailleurs, combien de sang n’a-t-il pas coulé au nom de l’honneur d’un individu ou de la réputation d’une famille ? Le crime d’honneur est sans doute le seul que l’algérien pardonne, comprend et soutient parce qu’il lave une souillure qui ne disparaît que par le sang. Du reste, les réseaux familiaux ont souvent aidé, hébergé et même fait fuir à l’étranger des parents incriminés dans ce genre de vendetta. «Echaraf» n’a pas de prix. Indépendamment de ces deux valeurs auxquelles il tient comme à la prunelle de ses yeux, l’Algérien, en revanche, a une sainte horreur de l’homosexualité et, partant, des homosexuels.
Contrairement aux pays dits civilisés, démocratiques et avancés où les homos ont un statut social, sont reconnus, appréciés et même applaudis quand ils défilent sur les Champs-Elysées, les homos chez nous sont infréquentables et évités comme des pestiférés. Qu’importe ce qu’on dira ailleurs. Personne ne les prend au sérieux et sont la risée de tout le monde, de l’immeuble jusqu’à la houma tout entière. De par sa culture et ses racines, l’Algérien refuse de tolérer des créatures contre nature, qui ne sont ni femmes ni hommes et qui prétendent être le 3e sexe. D’ailleurs, quand il en aperçoit un, il détourne pudiquement la tête ou crache par terre dans un rageur «tfou» ou un impuissant (sans jeu de mots) «ya latif».
Un homo dans une famille, c’est un drame aujourd’hui. C’est la honte de tous les membres, l’humiliation permanente. Cela peut aller très loin, au suicide du père comme il y a 8 ans dans la banlieue d’une grande ville du pays. Enfin, dernier tabou que l’Algérien refuse de lever et encore moins d’admettre chez le musulman : abjurer sa religion et la renier pour une autre. Dans son esprit, c’est la pire des traîtrises et même la pire des lâchetés.
I. Z.
29 mai 2009
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