Ahmed Lahlah (2e partie)
Résumé de la 1re partie n Settoute a exécuté son plan avec brio. Elle a réussi à faire sortir le jeune prince enfermé dans sa chambre pour que ses cousins, jaloux, puissent contempler sa beauté cachée depuis sa naissance.
Cette découverte surprenante troubla l’esprit du prince.
Comment mon père ose-t-il me priver de tant de bonheur ? Je veux immédiatement sortir de ce palais et prendre part aux jeux de mes cousins.
Ahmed était au comble de la révolte et de l’indignation. Il appela son père et l’accabla de reproches en exigeant qu’il le laissât sortir. Pour ne pas lui occasionner un surcroît de chagrin, le sultan se rendit à ses désirs.
Ahmed sortit donc et ses cousins se pressèrent autour de lui pour assouvir leur curiosité. Comme il était réellement plus beau et mieux fait qu’eux, leur jalousie s’accrut. Aussi pour le tourner en dérision, ils lui proposèrent de monter à cheval et de participer à la fantasia avec eux. lIs voulaient se moquer de sa gaucherie, car, de sa vie, il n’était monté à cheval.
Mes cousins, vous me demandez là quelque chose de difficile. Je ne sais comment me tenir sur un cheval, répondit le prince.
Les cousins insistèrent en prétendant que monter à cheval était chose aisée à la portée du premier venu. Aussi, pour ne pas être traité d’incapable, Ahmed accepta leur proposition. On lui choisit une jument docile et on l’aida à se mettre sur son dos, Ahmed alla d’abord doucement, mais, très vite, il acquit de l’assurance et força l’allure de sa monture. Il lui imposa un rythme si véloce qu’elle ne tarda pas à tomber par terre, morte d’épuisement. On lui apporta un cheval plus vigoureux qui ne supporta pas davantage le rythme d’enfer que son cavalier lui imposait. Comme la jument, il fut rapidement éreinté et mourut. On présenta d’autres chevaux au prince, et tous connurent le même sort. Les cousins en étaient sidérés, car, jamais, ils n’avaient vu un cavalier si adroit, si impétueux et si téméraire. Que faut-il faire ? s’interrogèrent-ils. Quel est le cheval qui pourra lui résister ? Il épuisera tous les chevaux de la terre. Donnez-lui le cheval qui a son âge, lança le vieux El-Moudjarrab qui se trouvait parmi les invités. Le sultan, qui se souvenait bien du cheval né le même jour que son fils, dit alors : «Dans mes écuries, il y a un cheval qui a exactement l’âge de mon fils. Mais, jusqu’à ce jour, personne n’a osé l’approcher et encore moins l’enfourcher tant il est vif et ombrageux.» En entendant ceci, le prince courut vers les écuries et en un rien de temps dompta le pétulant cheval. Il le sella et l’enfourcha avec agilité devant ses cousins ébahis.
Devant tant de prouesse, la jalousie des cousins s’exacerba. Mais, très vite, cette jalousie se mua en haine mortelle ; car, pour s’amuser, le prince s’employa à leur faire vider les arçons, l’un après l’autre. Il galopait à leur rencontre et les bousculait sans ménagement. Il riait beaucoup quand ils roulaient dans la poussière.
Humiliés par ce traitement, les cousins quittèrent la fête pour se concerter sur la façon de venger leur honneur bafoué. Comme ils n’étaient pas très malins, ils firent appel à la vieille Settoute pour leur indiquer le moyen le plus sûr de parvenir à leur but sans courir ce risque.
— Laissez-moi faire, dit Settoute. Je me charge de le bannir à jamais de ce pays. La vieille rusée alla dans sa maison et prit une dizaine de petites outres en peau de chevreau. Elle se rendit ensuite à la fontaine, remplit ses nombreuses outres, puis les disposa tout autour de l’abreuvoir. (à suivre…)
29 mai 2009
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