Les idées-forces de l’anthropologie sartrienne
La distinction entre l’en-soi et le pour-soi
Selon Sartre, l’être (c’est-à-dire les phénomènes qui existent) se divise en deux grandes parties:
- l’être des objets extérieurs: l’en-soi;
- l’être de la conscience: le pour-soi.
Il y a d’abord l’en-soi
- c’est l‘existence brute, la nature;
- c’est l’être comme pur fait, sans cause ni raison: il est absurde, « de trop »;
- c’est le domaine de l’essence, de ce qui est déterminé;
- c’est ce qui est ni actif, ni passif, ni affirmation, ni négation.
L’homme fait partie de l’en-soi par son corps, son ego, son passé. Sa mort le fige à jamais dans une « essence, dans un « ce qui a été ». De ce point de vue, l’homme est « de trop ».
11 y a ensuite le pour-soi
- c’est l’homme en tant que doué de connaissance et de LIBERTÉ;
- c’est l’être de la conscience qui n’est pas un être fermé sur soi mais un être en relation: toute conscience est conscience de quelque chose;
- c’est l’être de la conscience qui est conscience de soi, « présence à soi », « pour-soi » , la conscience connaît le monde et en plus, elle sait qu’elle le connaît;
- c’est l’être libre: celui qui possède une puissance d’autocréation absolument indépendante.
L’homme (l’en-soi) est son seul maître:
Il se crée lui-même, il crée son être, ses idéaux, ses valeurs par sa seule initiative, d’une manière toute gratuite.
Cette liberté, qui est la caractéristique la plus fondamentale chez l’être humain, existe, parce qu’au coeur même du pour-soi se trouve un vide, un néant, une fissure impalpable qui lui permet de prendre un certain recul par rapport a soi et d’accomplir un CHOIX qui n’est déterminé ni par son passé ni par son milieu.
Les motifs inspirent l’acte libre mais ils ne le déterminent pas, car entre les motifs (qui sont source de déterminisme) et l’acte libre (qui se veut indéterminé) se trouve un néant, un rien, un lieu où s’exerce la liberté par double processus de néantisation.
La néantisation de l’être qu’on est (l’en-soi): homme peut nier son passé: la néantisation de l’être au milieu duquel on est: l’homme peut nier son milieu, sa situation présente.
Ainsi, l’acte libre, pour l’être humain, devient à la fois une néantisation par laquelle on s’évade d’une situation donnée et un projet par lequel on se porte vers un idéal (une fin, une valeur) dont on est l’auteur. Cette liberté n’est pas une propriété de notre nature mais l’étoffe de notre être.
Je ne crée pas ma liberté: je suis contraint de l’exercer, de l‘affirmer. Ne pas vouloir choisir, c’est déjà choisir: Comme le dit Sartre: « L’homme est condamné à être libre ».
La distinction entre essence et existence
La liberté = indépendance absolue et engagement: l’homme se fait lui-même dans ses projets,
Ainsi, Sartre, par rapport à l’homme, nous donne une vision technique du monde: L’être humain est un artisan qui doit se faire lui-même.
Normalement, pour faire un objet (ex.: un coupe-papier), il faut que l’ouvrier connaisse la nature d’un tel objet
Mais l’homme « le pour-soi » en tant que réalité à faire n‘est pas l’oeuvre d’un ouvrier (ex.: d’un Dieu créateur) qui le façonnerait à partir d’un plan, d’un modèle, d’une certaine nature déterminée.
Il n’y a pas de nature humaine.
L’homme se forge lui-même, il se crée perpétuellement au fur et à mesure de ses libres décisions volontaires.
Ainsi, chez l’être humain (le pour-soi), l’existence (l’indétermination) précède l’essence (la détermination)
Il faut d’abord être, s’engager, produire avant de se définir comme telle personne. Mon essence, au moment de ma mort, sera la totalité des actes que j’aurai accomplis au cours de toute ma vie.
27 mai 2009
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