Exercice 1 : entrer dans l’univers d’un texte :
Le texte littéraire peut se présenter à vous comme une unité close sur elle-même, voire comme une forteresse inexpugnable. Il est en effet régi par des lois qui n’appartiennent qu’à lui : son vocabulaire, sa syntaxe, son réseau d’images constituent un tout dont on peut désespérer de trouver les clefs. Cette impression n’est pas toujours fausse, mais s’il s’agit de forteresse, on peut dire qu’elle est traversée de « courants d’air » : ce sont ses référents, le langage qu’elle emploie, d’abord, qui est aussi le vôtre, mais aussi ses ancrages dans un réel qui peut vous être plus ou moins connu. Ce sont enfin ses parentés d’inspiration, cet air de famille que vous aideront à reconnaître vos autres lectures. De tout cela, il s’agit de tirer parti dans une première approche sereine et personnelle.
Essayons sur le texte suivant : J.M.G. Le Clézio, « Ville vivante » |
Une première lecture vous donne une série d’impressions. N’hésitez pas à les formuler par écrit, mais pensez déjà à les assortir de points d’appui qui sont les expressions ou les procédés du texte. Ceci vous permettra d’éliminer les impressions trop subjectives et de valider les autres. Vous pouvez vous aider d’un tableau comme celui-ci :
impression subjective | repères objectifs |
1 – une ville agressive | des perceptions désagréables (bruits, odeurs) |
Continuez cet exercice en vous efforçant de trouver les procédés qui pourraient valider les approches suivantes :
2 – un univers inquiétant
3 - une atmosphère étrange, fantastique
4 - un univers mécanique, en proie à une activité intense
5 – une ville inhumaine
6 – le trolleybus a l’air d’un animal
7 – des gestes immuables et répétitifs
8 - une masse humaine anonyme et indifférenciée.
Mettez maintenant en relation ces différentes pistes autour d’une problématique d’ensemble : ce pourrait être par exemple le regard particulier que porte l’auteur sur la ville moderne. On pourrait ainsi apercevoir deux axes de lecture : un univers mécanique et déshumanisé (3 – 4 – 5 – 7) – une atmosphère fantastique (1 – 2 – 6 – 8).
Ne construisez jamais vos axes autour des « thèmes » du texte : vous risqueriez alors d’en faire une simple description qu’on appelle la paraphrase. Appuyez-vous au contraire sur vos remarques de forme et sachez, grâce aux bilans intermédiaires de votre lecture analytique, en faire une synthèse capable de mettre en valeur l’intérêt du texte.
22 mai 2009
1.LECTURE