Naturalisme et création littéraire
Avouant sa dette à l’égard de l‘Introduction à la médecine expérimentale de Claude Bernard, Zola présente son Roman expérimental comme une simple compilation d’extraits de cet ouvrage et écrit : « Le plus souvent, il me suffira de remplacer le mot « médecin » par le mot « romancier » pour rendre ma pensée claire et lui apporter la rigueur d’une vérité scientifique. » Le romancier est ainsi, à l’en croire, le « juge d’instruction des hommes et de leurs passions » et, s’il ne néglige pas la spécificité du génie littéraire, Zola nie absolument que le propre d’un artiste soit de réaliser une idée ou un sentiment personnels. Plus encore, il assure que le naturalisme consiste uniquement dans la méthode expérimentale et que la rhétorique « n’a rien à voir ici » : « Au fond j’estime que la méthode atteint la forme elle-même, qu’un langage n’est qu’une logique, une construction naturelle et scientifique. [...] Nous sommes actuellement pourris de lyrisme, nous croyons bien à tort que le grand style est fait d’un effarement sublime, toujours près de culbuter dans la démence ; le grand style est fait de logique et de clarté. »
Cet emportement scientiste résiste-t-il bien longtemps à l’analyse ? La création littéraire peut-elle s’accommoder d’ambitions positivistes aussi réductrices ? L’analyse d’un texte et la préparation d’une dissertation littéraire suffiront sans doute à nous persuader du contraire.
21 mai 2009
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