« Posséder le mécanisme des phénomènes chez l’homme, montrer les rouages des manifestations intellectuelles et sensuelles telles que la physiologie nous les expliquera, sous les influences de l’hérédité et des circonstances ambiantes, puis montrer l’homme vivant dans le milieu social qu’il a produit lui-même, qu’il modifie tous les jours, et au sein duquel il éprouve à son tour une transformation continue.»
Ces lignes du Roman expérimental (1880) enferment toute la doctrine naturaliste. Zola n’a de cesse de le répéter : » le roman expérimental est une conséquence de l’évolution scientifique du siècle ; il continue et complète la physiologie, qui elle-même s’appuie sur la chimie et la physique; il substitue à l’étude de l’homme abstrait, de l’homme métaphysique, l’étude de l’homme naturel, soumis aux lois physico-chimiques et déterminé par les influences du milieu ; il est en un mot la littérature de notre âge scientifique, comme la littérature classique et romantique a correspondu à un âge de scholastique et de théologie. »
En conséquence, Zola croit pouvoir établir le déterminisme absolu des phénomènes humains et manifeste sa confiance dans la compréhension future, grâce à la science, de la « machine humaine » produite par les influences conjuguées de l’hérédité et du milieu.
L’entreprise littéraire peut-elle s’accommoder de telles ambitions ? Tel est notre propos. Vous trouverez d’abord ci-dessous les principaux points de la doctrine naturaliste, illustrés par des textes commentés. Dans un second temps, nous entreprendrons de réfléchir aux limites que l’écriture romanesque – et le tempérament de Zola – n’ont pu manquer d’assigner à l’entreprise.
21 mai 2009
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