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L’homme juste

20 mai 2009

1.POESIE

L’homme juste

Auteur : Arthur Rimbaud




Le Juste restait droit sur ses hanches solides :
Un rayon lui dorait l’épaule ; des sueurs
Me prirent :  » Tu veux voir rutiler les bolides ?
Et, debout, écouter bourdonner les flueurs
D’astres lactés, et les essaims d’astéroïdes ?



 » Par des farces de nuit ton front est épié,
Ô juste ! Il faut gagner un toit. Dis ta prière,
La bouche dans ton drap doucement expié ;
Et si quelque égaré choque ton ostiaire,
Dis : Frère, va plus loin, je suis estropié ! « 

Et le juste restait debout, dans l’épouvante
Bleuâtre des gazons après le soleil mort :
 » Alors, mettrais-tu tes genouillères en vente,
Ô Vieillard ? Pèlerin sacré ! barde d’Armor !
Pleureur des Oliviers ! main que la pitié gante !

 » Barbe de la famille et poing de la cité,
Croyant très doux : ô coeur tombé dans les calices,
Majestés et vertus, amour et cécité,
Juste ! plus bête et plus dégoûtant que les lices !
Je suis celui qui souffre et qui s’est révolté !

 » Et ça me fait pleurer sur mon ventre, ô stupide,
Et bien rire, l’espoir fameux de ton pardon !
Je suis maudit, tu sais ! je suis soûl, fou, livide,
Ce que tu veux ! Mais va te coucher, voyons donc,
Juste ! je ne veux rien à ton cerveau torpide.

 » C’est toi le Juste, enfin, le Juste ! C’est assez !
C’est vrai que ta tendresse et ta raison sereines
Reniflent dans la nuit comme des cétacés,
Que tu te fais proscrire et dégoises des thrènes
Sur d’effroyables becs-de-cane fracassés !

 » Et c’est toi l’oeil de Dieu ! le lâche ! Quand les plantes
Froides des pieds divins passeraient sur mon cou,
Tu es lâche ! Ô ton front qui fourmille de lentes !
Socrates et Jésus, Saints et Justes, dégoût !
Respectez le Maudit suprême aux nuits sanglantes ! « 

J’avais crié cela sur la terre, et la nuit
Calme et blanche occupait les cieux pendant ma fièvre.
Je relevai mon front : le fantôme avait fui,
Emportant l’ironie atroce de ma lèvre…
- Vents nocturnes, venez au Maudit ! Parlez-lui,

Cependant que silencieux sous les pilastres
D’azur, allongeant les comètes et les noeuds
D’univers, remuement énorme sans désastres,
L’ordre, éternel veilleur, rame aux cieux lumineux
Et de sa drague en feu laisse filer les astres !

Ah ! qu’il s’en aille, lui, la gorge cravatée
De honte, ruminant toujours mon ennui, doux
Comme le sucre sur la denture gâtée.
- Tel que la chienne après l’assaut des fiers toutous,
Léchant son flanc d’où pend une entraille emportée.

Qu’il dise charités crasseuses et progrès…
- J’exècre tous ces yeux de Chinois à bedaines,
Puis qui chante : nana, comme un tas d’enfants près
De mourir, idiots doux aux chansons soudaines :
Ô Justes, nous chierons dans vos ventres de grès !

Recueil : Poésies

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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