Biographie d’Ésope
On sait peu de choses sur Ésope, qu’il s’agisse de l’homme ou de l’auteur. Aucune certitude sur le lieu ou la date de sa naissance, sur sa vie ni sa mort. On croit qu’il vécut au VIe ou au VIIe siècle avant Jésus-Christ, mais les conjectures faites sur sa vie n’ont paru qu’environ deux mille ans plus tard. Les opinions sont si différentes que certains lettrés pensent qu’Ésope n’a jamais existé et que ses travaux sont l’œuvre de plusieurs auteurs plutôt que celles d’un seul et même auteur.
Selon la version généralement admise, Ésope naquit en Asie Mineure il y a quelque 2 500 ans. Il était, dit un écrivain, laid, d’une taille au-dessous de la moyenne, il avait les jambes arquées et sa tête était trop grosse pour son corps. Un autre écrivain, pourtant, ne mentionne rien de disgracieux dans son aspect physique et souligne que les Athéniens érigèrent une statue superbe en souvenir d’Ésope; or, « superbe » n’est pas un mot à employer pour un être contrefait.
On admet qu’il fut esclave, qu’il avait l’esprit vif, toujours prêt à distraire et, en même temps, capable d’instruire. Introduit à la cour de Crésus, il fut chargé de plusieurs missions au service du roi. Il servit son maître non seulement comme conteur, mais comme diplomate. Comme il ne voulait pas irriter les gens en mentionnant leurs défauts, il leur parlait de la ruse et de la fourberie des hommes, mais en attribuant à des animaux paroles et pensées. Et il le faisait avec tant d’adresse qu’il était parfois difficile de distinguer si intrigues et paroles étaient d’un être humain ou bien d’un animal.
Tous les contes d’Ésope, toutes ses fables, comportent des leçons pour ses auditeurs. Parfois, l’idée était assez claire dans le récit ; parfois il ajoutait une morale pour souligner la leçon. Quand les Athéniens se plaignirent d’être gouvernés par un certain monarque, Ésope leur raconta la fable « des grenouilles qui demandaient un roi ». Lorsque les citoyens de Delphes, dans leur avidité, réclamèrent plus d’argent qu’Ésope n’en avait rapporté, il leur raconta l’histoire de « l’oie aux œufs d’or ».
Ésope n’inventa pas toutes ses histoires. Certaines avaient été contées bien avant son temps à Babylone et en Égypte. Mais Ésope donna à ses contes sa touche personnelle. Il a dit – ou redit – ses histoires avec tant de sagesse et de charme que, pendant des milliers d’années, elles ont fait les délices non seulement des lettrés et des professeurs, mais aussi des enfants, dans le monde entier.
Ésope n’écrivit jamais ses fables. Il les racontait au cours de ses voyages, et ses auditeurs les répétaient : les fables se sont transmises oralement d’un pays à l’autre. Plus tard, quand elles furent écrites, quelques-unes parurent en vers. La plupart, cependant, furent imprimées en prose. Mais, sous quelque forme que ce soit, elles n’ont rien perdu de leur sagesse, ni de leur charme. Les leçons qu’elles enseignent sont vraies pour nous aujourd’hui, comme elles le furent pour les anciens. L’humour et l’humanité des fables leur conservent à jamais cette vivante gaieté, durable comme elles.
7 février 2010 à 12 12 57 02572
Lilian Thuram, dans son ouvrage » Mes étoiles noires » affirme qu’Esope est l’une d’entre elles et qu’il était de race noire. Peut-on soutenir qu’Esope était vraiment de race noire, alors que nous savons si peu de choses sur sa biographie et que sa description physique a été même controversée comme vous le précisez si bien? Peut-on affirmer qu’Esope aurait donc illustré la littérature africaine plutôt que la littérature grecque?
14 février 2010 à 20 08 39 02392
Thuram dit un peu n’importe quoi. Certaines de ses « etoiles noires » sont aussi un peu les miennes, mais il va trop loin quand il affirme qu’Esope était de race noire. Il affaiblit en quelque sorte le message de son livre.
Ceci dit, qu’importe la race d’Esope, on le remercie pour le paisir qu’il nous donne encore aujourd’hui. Et c’est bien là le plus important.