par M. Perrin. publiées en 1829.
Le Cheval et le Lion.
Un Cheval Lapon, philosophe s’il en fut jamais, et voyageur
d’inclination, sortit de son pays pour voir le monde. Après avoir passé
par l’Angleterre, par la France et par l’Espagne, il arriva en Afrique:
c’était là que régnait le lion, roi des animaux. L’étranger savait la
politesse, il se fit présenter à sa Majesté pour lui ren dre hommage :
il fut introduit par le singe, introducteur des ambassadeurs. Soyez le
bien-venu, lui dit le monarque ; il me tarde de vous entendre raconter
vos voyages : j’ai du loisir ; parlez, et ne craignez pas de m’en
nuyer. Notre voyageur Européen ne se fait pas prier deux fois : c’était
un grand parleur ; presque tous les voyageurs le sont Sire, dit-il, en
faisant la révérence, je viens du pays le plus beau et le plus fertile
de l’univers : mais je trouve ici une grande différence : premièrement,
les hommes y sont blancs ; ils sont noirs ici. Secondement, les
rivières y sont dures comme le marbre: on les traverse à pied : elles
portent……..
—…Halte-là, dit le Lion, en l’interrompant ; me prenez-vous pour un
imbécille, en voulant me faire accroire des impossibilités! Est-ce
ainsi que vous osez m’en imposer, en ma présence?
Notre voyageur quadrupède veut s’excuser: on ne l’écoute pas : on le
chasse à coup de cornes, de griffes, ef de dents. C’est une imprudence
de parler contre l’opinion des gens prévenus ; et c’est une vaine
présomption de nier avec opiniâtreté une chose, parce qu’elle- nous
parait difficile ou impossible.
12 mai 2009
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