La fille du Sultan et la fille du Vizir (4 partie et fin)
Autour de Tata Nora
Monseigneur ! Elle a bien une fille et pas n’importe laquelle. Sa beauté a provoqué chez moi un choc. Et je suis sûr qu’aucun homme n’a jamais possédé une femme pareille. Même pas tes nobles ancêtres.
— Ah bon ! Je vais aller vérifier et si je ne trouve pas cette grande beauté, je te coupe la tête.
Le Sultan se rendit chez Settout dès le lendemain. Il arriva à pied sans faire de bruit et regarda discrètement à l’intérieur de la tente. Il vit alors la jeune femme qui se coiffait. Ses cheveux étaient déliés et retombaient sur ses genoux comme des flots soyeux. Il remarqua les mèches d’or et d’argent qui scintillaient. Il resta un moment médusé et se ressaisit.
— Oh Settout ! appela-t-il.
Elle se précipita à sa rencontre :
— Sois le bienvenu Sidi (Monseigneur) ! fit-elle toute mielleuse.
— Je veux que tu me dises d’où vient cette jeune femme qui vit chez toi et fabrique des perdrix aussi parfaites que celles qui sont en chair et en os.
— C’est ma fille.
— Non, c’est faux. Il y a plusieurs années que tu vis sur mes terres et je sais que tu n’as pas d’enfant. Si tu ne me révèles pas tout, je te fais trancher la tête.
Settout avoua en pleurant :
— O Sidi ! Je vais tout te dire : cette femme est celle qui est venue avec la fille du Vizir. C’est elle la fille du Sultan, ta véritable épouse. La fille du Vizir l’a ensorcelée en lui plantant une aiguille dans le crâne. Elle l’a transformée en perdrix, celle qui venait chanter dans ton jardin. Lorsque je l’ai délivrée de l’enchantement, j’ai été tentée de la garder avec moi tant elle est belle. Je te demande pardon.
Le Sultan emmena aussitôt la princesse avec lui au palais et fit venir sa femme. Celle-ci se montra confuse et se jeta aux pieds de la fille du Sultan, son amie d’antan.
— Un serment sacré nous liait, déclara la princesse. Moi je l’ai respecté, mais toi tu l’as trahi. Comment veux-tu que je te pardonne ? Qui pourra me garantir que tu ne vas pas me nuire à nouveau ?
La fille du Vizir ne reçut pas le pardon. Le jardinier l’emmena dans le jardin et la jeta au fond d’un puits.
Le Sultan organisa de nouvelles noces et tout le pays entendit parler de l’histoire de la perdrix qui chantait pour retrouver son époux.
Elle a pris le feu, le feu, j’ai pris la route, la route !
Elle a mangé du Diss, j’ai mangé du Rfiss !
L’Algérie des contes et légendes Nora Aceva
7 mai 2009
Nora Aceval