Autour de Tata Nora
La fille du Sultan et la fille du Vizir (2e partie)
Résumé de la 1re partie n Transformée en perdrix par sa meilleure amie – la fille du vizir – qui épouse son prétendant, la fille du sultan questionne le jardinier sur la vie de couple de celle qui l’a trahie…
A ces mots, la perdrix pleura et la pluie tomba. Le jardinier reçut l’averse et rentra, chez lui, tout mouillé et attristé.
La fois suivante, il répondit à la perdrix :
— La fille du Vizir est délaissée par le Sultan. Elle se fait battre et travaille comme une servante.
A ces mots, la perdrix rit et le soleil brilla. Le jardinier rentra chez lui sec et souriant.
— Cela se produisait souvent et le jardinier, selon la réponse qu’il donnait, rentrait chez lui tantôt mouillé et triste, tantôt sec et souriant.
Un jour, le Sultan l’interrogea car il avait remarqué qu’il rentrait parfois tout trempé alors que le soleil brillait :
— Par Dieu ! Que t’arrive-t-il ? Comment se fait-il que la pluie tombe sur toi alors que nous, nous n’en recevons pas une goutte ?
Le jardinier révéla alors au Sultan la chose incroyable qui lui arrivait :
— Oh ! Monseigneur permets-moi de tout te raconter. Une perdrix se pose sur une branche et me dit ce refrain : «Ô jardinier ! Toi qui as planté des poiriers et des grenadiers ! Comment se passent les jours de la fille du Vizir chez le Sultan ?» Le jour où je lui réponds : «La fille du Vizir règne et se prélasse dans la soie et le satin. Elle a engagé des tamiseuses, des rouleuses de couscous et ses servantes travaillent pour elle !», la perdrix pleure et la pluie tombe sur moi. Lorsque je lui annonce : «La fille du Vizir est délaissée par le Sultan. Elle se fait battre et travaille comme une servante», la perdrix sourit et le soleil brille.
— Tu mens ! lui dit le Sultan.
— Puisque tu ne me crois pas, viens avec moi. Tu te cacheras et je parIerai avec la perdrix.
Le Sultan suivit son jardinier et se cacha derrière un buisson. La perdrix se posa sur la branche et chanta :
— Ô jardinier ! Toi qui as planté des poiriers et des grenadiers ! Comment se passent les jours de la fille du Vizir chez le Sultan ?
Le jardinier répondit :
— La fille du Vizir règne et se prélasse dans la soie et le satin. Elle a engagé des tamiseuses, des rouleuses de couscous et ses servantes travaillent pour elle.
La perdrix pleura et la pluie tomba.
Le jardinier et le Sultan reçurent une averse sur la tête et furent trempés jusqu’aux os. Le lendemain ils retournèrent à nouveau et la perdrix chanta. Le jardinier répondit cette fois-ci :
— La fille du Vizir est délaissée par le Sultan. Elle se fait battre et travaille comme une servante.
A ces mots, la perdrix rit et le soleil brilla. Intrigué, le Sultan décida d’éclaircir ce mystère. Il demanda à son jardinier de garder le secret et consulta la vieille Settout (que Dieu la maudisse !). Il lui raconta l’histoire de la perdrix qui chantait et Settout conclut qu’il fallait la capturer.
— Mais elle est trop haut perchée, le temps de grimper, elle s’envolerait, objecta le Sultan.
— Laisse-moi faire, je dois rester seule et je la capturerai sans la blesser, promit la vieille.
Elle enleva de la résine d’un tronc d’arbre et en fit badigeonner les hautes branches. La perdrix se posa, chanta et lorsqu’elle voulut s’envoler, ses pattes restèrent collées sur la branche. (à suivre…)
L’Algérie des contes et légendes Nora Aceval
7 mai 2009
Nora Aceval