Autour de Tata Nora
La fille de Ben Bhout, qui la voit trouve la mort (3e partie)
Résumé de la 2e partie n Sur les conseils de son calife, le souverain envoie notre héros chercher Bent Bhout Li Choufha Imout, mais ce dernier, avant de se lancer dans cette nouvelle aventure, exige du sultan cent objets de valeur du trésor royal.
Ainsi, il continua son voyage à la recherche du pays où vivait le sultan père de Bent Bhout Li Choufha Imout. De contrée en contrée, de région en région il arriva et fut reçu par le sultan qui l’interrogea :
— Que veux-tu, étranger ?
— Je suis venu demander la main de ta fille.
— Connais-tu les conditions ?
— Quelles sont-elles ?
— Si tu les acceptes, je te la donne, mais si tu n’es pas sûr de toi, il est temps de t’en aller.
— J’accepte tout ce que tu désires.
— Si tu échoues, tu mourras.
— Je ne crains pas la mort, conclut enfin le jeune homme.
Le lendemain, le sultan lui ordonna :
— Tu vois ce champ aride et caillouteux ? A l’aube, je veux le trouver irrigué et labouré.
Dans la nuit, le jeune homme prit un poil de sanglier, le brûla et des centaines de sangliers apparurent. De leurs groins, ils entreprirent de labourer la terre. Ils la retournèrent si profondément que des ruisseaux coulèrent. Ainsi le champ s’en trouva labouré et irrigué. Et dès les premiers rayons de soleil, les plantes poussèrent et tout reverdit.
Le matin, les gens surpris par un tel miracle, coururent prévenir le sultan qui passa à l’épreuve suivante.
Il fit mélanger un grand tas de blé, un tas d’orge, un tas de haricots blancs, un tas de lentilles et bien d’autres graines. Il en fit un monceau, et ordonna :
— Je veux qu’au matin tout ce monceau soit trié grain après grain.
Le jeune homme brûla un «poil de fourmi» et des milliers de fourmis : noires, rouges, petites, grandes, apparurent et chacune transporta une graine. Les unes triaient le blé, les autres les lentilles, certaines l’orge. Chaque variété de fourmi s’occupa d’une variété de grains. On aurait dit une machine à trier. Au matin, les gens, encore plus surpris que la veille, s’écrièrent :
— Dieu ! C’est un autre miracle.
Le sultan dit encore au jeune homme :
— Mon fils si tu termines tes épreuves, tu auras ma fille, et toute une dot que tu choisiras.
C’était l’hiver. Le temps était glacial et la neige recouvrait la terre. Le sultan soumit sa nouvelle épreuve :
— Je te mets tout nu dans la neige, et je t’attache à cet arbre. Si tu survis, nous pourrons continuer.
Après dîner, il fut exposé au froid, tout nu. Il brûla une plume qu’il avait discrètement emportée avec lui. Accoururent alors tous les oiseaux pour l’entourer et le réchauffer. Le lendemain matin, on le retrouva vivant.
— Apportez-moi mes vêtements, ordonna-t-il.
On alla prévenir le sultan :
— Monseigneur, il est vivant, toi qui disais qu’il allait mourir.
— Il te reste deux épreuves, dit le sultan. Si tu réussis, je te donne ma fille. Je vais mettre la princesse sous l’un des cent atouchs (palanquins), et tu devras deviner sous lequel elle se trouve.
La princesse fut placée sous le atouch le plus usé. Les autres étaient décorés de pompons et de belles étoffes. Le jeune homme brûla un poil de naoura (mouche à bêtes) qui arriva et lui souffla :
— Dès que tu verras un chameau s’emballer, tu devineras que je viens de le piquer pour te l’indiquer.
La naoura tourna au milieu du troupeau et finit par découvrir que c’était le chameau le plus décharné qui transportait le atouch sous lequel était cachée la princesse. Elle le piqua et il se mit à sauter avant de s’élancer dans une course effrénée.
— C’est ce atouch, dit le jeune homme.
— Il te reste une dernière épreuve. Je vais installer ma fille dans l’une des cent maisons avec étages et miroirs. Il te faudrait trouver dans laquelle elle est logée. (à suivre…)
L’Algérie des contes et légendes Nora Aceval
27 avril 2009
Nora Aceval