Samedi 28 Mars 2009 20h04mn 32s
Mahmoud Darwich
Inscris !
Inscris !
Je suis Arabe
Le numéro de ma carte : cinquante mille
Nombre d’enfants : huit
Et le neuvième… arrivera après l’été !
Et te voilà furieux !
Inscris !
Je suis Arabe
Je travaille à la carrière avec mes compagnons de peine
Et j’ai huit bambins
Leur galette de pain
Les vêtements, leur cahier d’écolier
Je les tire des rochers…
Oh ! je n’irai pas quémander l’aumône à ta porte
Je ne me fais pas tout petit au porche de ton palais
Et te voilà furieux !
Inscris !
Je suis Arabe
Sans nom de famille – je suis mon prénom
« Patient infiniment » dans un pays où tous
Vivent sur les braises de la Colère
Mes racines…
Avant la naissance du temps elles prirent pied
Avant l’effusion de la durée
Avant le cyprès et l’olivier
…avant l’éclosion de l’herbe
Mon père… est d’une famille de laboureurs
N’a rien avec messieurs les notables
Mon grand-père était paysan – être
Sans valeur – ni ascendance.
Ma maison, une hutte de gardien
En troncs et en roseaux
Voilà qui je suis – cela te plaît-il ?
Sans nom de famille, je ne suis que mon prénom.
Inscris !
Je suis Arabe
Mes cheveux… couleur du charbon
Mes yeux… couleur de café
Signes particuliers :
Sur la tête un kefiyyé avec son cordon bien serré
Et ma paume est dure comme une pierre
…elle écorche celui qui la serre
La nourriture que je préfère c’est
L’huile d’olive et le thym
Mon adresse :
Je suis d’un village isolé…
Où les rues n’ont plus de noms
Et tous les hommes… à la carrière comme au champ
Aiment bien le communisme
Inscris !
Je suis Arabe
Et te voilà furieux !
Inscris
Que je suis Arabe
Que tu as raflé les vignes de mes pères
Et la terre que je cultivais
Moi et mes enfants ensemble
Tu nous as tout pris hormis
Pour la survie de mes petits-fils
Les rochers que voici
Mais votre gouvernement va les saisir aussi
…à ce que l’on dit !
DONC
Inscris !
En tête du premier feuillet
Que je n’ai pas de haine pour les hommes
Que je n’assaille personne mais que
Si j’ai faim
Je mange la chair de mon Usurpateur
Gare ! Gare ! Gare
À ma fureur
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Ce poème, écrit par Mahmoud Darwich en 1964, est devenu comme un refrain magique enflammant les coeurs et déchaînant les sentiments de fierté et d’enthousiasme des Palestiniens.
7 août 2009 à 5 05 32 08328
Si j avais le choix j aurais choisi de garder le silence,a l intérieur de moi une sorte de chagrin transgressé par les paroles,par les larmes,un chagrin qui veut s évader le plus loin possible du grand vacarme qu a causé ceux qui t aimaient vivant et ceux qui attendaient ta mort pour t aimer agonisant,comme tu as averti et comme tu as prévu…un chagrin qui m appartient désormais comme si il fait parti des composants de mon cœur…comme un secret très lourd a porter…il était l une de nos meilleurs plumes,l un des plus nobles esprits et il n admettra jamais les tentatives des uns de le faire monter dans le brouillard de la sainteté,ou des autres qui veulent le limiter dans les journaux tele du conflit palestinien, et l enfermer dans la misérable prison de la politique…sa beauté humaine c est la lumière curieuse d une lune qui entre partout sans demander permission ,son intelligence unifie le corps et l esprit ,sa brillance c est l éclat d un oeil qui vient de voir ce qu elle aime apercevoir,sa modestie c est celle d une rose qui s abstient de blâmer les abeilles,un peu de sa fermeté fait toute sa timidité,et un peu de son comportement est une redéfinition du mot ‘orgueil’,ses poèmes fondrent nos douleurs dans le plaisir de la réception,son rythme arabe a su garder son authenticité malgré ses longs voyages et séjours a l étranger,et sa présence entre nous ne peut jamais devenir l objet d une simplification,d une possession ou d une soumission…chaque fois qu il était présent dans une soirée dans une soirée ou une émission tele,je le vois un poète dominateur ayant la présence d un grand seigneur respectable ,mais en tant que personne je le voyais comme le petit fils de la famille ,celui qui nous donne tous, l envie de le protéger et le défendre , c est comme si il était le petit et le grand frère a la fois ,et dans les deux cas il était la cause de ma confiance malgré l errance culturelle dans laquelle notre nation fut tombée,il me rassure avec sa grande peur sur ses poèmes et son scepticisme envers ses cadeaux pour notre adorable langue arabe,il me rassure avec son intelligence que le borné ne peut pas écrire un poème réussi,son style m annonce que la médiocrité ne sera jamais une condition des poètes,sa pudeur me rassure que l enfance garde ses bijoux dans une merveilleuse boite gravée de 67 étonnements ou même plus,toutes ses années sont des enfances qui me renseignent que celui qui a l esprit cruel obsédé par son ego n a plus sa place dans le royaume de la prose ou de la poésie. Son impassibilité vis avis sa conscience après chaque œuvre écrite m informe que ceux qu on nommait des poètes heureux, avide de posséder,de solliciter et courir après la célébrité auprès des journalistes et des salons littéraires , sont des malades poétiques inguérissables . son esprit de critique me réconforte face a cette institution de critique arabe évanouie et tourmentée par la pitoyable simplicité, les fautes d orthographe ,et faire répéter des récitations sans la moindre compétence…le génie du sens dans ses vers ,me rassure que la poésie des hallucinations et du bavardage arbitraire ne va pas survivre longtemps,mais ce qui me tranquillise d avantage c est que les gens vont lire ses poèmes pour des siècles et des siècles,contrairement a des poètes qui ont pris leurs poèmes avec eux dans leurs caveaux…la tombe ne va lui prendre que ce qui lui a accorde ,son corps…. Car ce poète qui a excellé dans tout ce qui il a fait dans sa vie,ne vas sûrement pas exceller dans la mort…le 9 août le poète s est éteint sans solliciter a personne d écrire sur le événement,car il détestait les imperfections ,moi je vais croire le médecin qui a annoncé la nouvelle et expliquait les causes de son malaise cardiaque dont souffraient son corps,mais le poète ,seigneur de la langue ,a été victime aussi de la médiocrité des dirigeants qui s entretueaient dans l heureuse fosse du colonialisme,les politiciens qui ont peur de leurs miroirs comme la mère d Hamlet,et ne cessent de laver leur mains comme lady Macbeth,a cause d eux le sens des mots a dévié ,ainsi nous voyons maintenant ce qu nous ne voulons pas voir et la mort qui nous poursuit a pris vingt mille synonymes,ce soir nous ne pleurons pas Mahmoud mais on le salue,j sais bien comme son chagrin été grandiose quand il voyait cette fâcheuse et interminable lutte entre les différents parties belligérants pour s accorder une autorité navrante qui bouge sans savoir qu elle est paralysée,ce 9 août le poète a choisi la mort au lieu de la paraplégie,mais tout en sachant que les gens sont tous avec lui,les gens qui sont venus massivement de Ramallah et des autres villes en portant des bougies,des roses ou des lignes extraites de sa poésie… ce sont eux qui ont fait un adieu idéal pour leurs cher poète,ils sont venus pour célébrer son avenir,et moi j sui venu remercier Mahmoud pour son oubli,Mahmoud a oublié ses poèmes entre les mains d une dame qui sait très bien les garder et les protéger qui n aime préserver que les précieuses choses. …c est madame ‘la vie’…il les a oublié dans nos cœurs,nos esprits,nos tiroirs, …en parfaite santé et avec un très solide coeur ,ils nous a laissé certes , mais il demeurera visible dans l horizon pour toujours …cher Mahmoud,je sais que ton nouveau recueil va paraître prochainement,ne t afflige pas car tu va pas y signer,comme tu avais l habitude de le faire,tu a signé ton nom complet dans l histoire de tout l humanité,tu as regardé ton destin droit dans les yeux, tu as mis le stylo et tu t es endormi en héro…je sais que tu es fatigué un peu ,alors adieu maintenant j suis juste passer pour te dire bonsoir….