Lundi 2 Mars 2009 20h16mn 33s
Auteur : djilali benbrahim (IP: 41.201.102.128 , 41.201.102.128)
E-mail : bendji1er@yahoo.fr
David contre Goliath
Djilali Benbrahim.
En décidant de se porter candidat à la future élection présidentielle Abou Dinar était loin de se douter qu’il allait narguer le destin et provoquer un séisme de très forte magnitude au sein d’un système établi depuis Mathusalem. Contrairement aux sceptiques qui considèrent que la prochaine joute électorale est déjà ficelée et que les résultats peuvent d’ores et déjà être annoncés ; lui, pour qui la politique n’est pas une science exacte, pense avoir trouvé le truc pour créer la surprise
Si les analystes, les spécialistes et les professionnels les plus informés des arcanes du sérail ne peuvent garantir à cent pour cent l’aboutissement d’une élection, considérant qu’il pourrait toujours y avoir des imprévus, quoique la probabilité soit à classer au registre du purement théorique, Abou Dinar pense pouvoir être le grain de sable dans l’engrenage qui bloquerait la machine
Il est persuadé de gagner la partie sans coup férir pour la simple raison que, n’étant dupe de rien, il sait parfaitement bien que son principal adversaire a tout pour gagner la prochaine bataille mais que la panique de perdre pourrait lui faire commettre des erreurs fatales alors que de son côté, n’ayant rien à perdre, il a toutes les chances de réussir. Son pragmatisme et son caractère de gagneur l’incitent à faire sienne cette sentence de Paul Cézanne : « Celui qui n’a pas le goût de l’absolu se contente d’une médiocrité tranquille ».
Le Président Candidat qui dispose déjà de la télévision et des radios, d’une presse publique aux ordres et d’une presse privée thuriféraire, des zaouïas et des mosquées, des associations sportives et caritatives, des comités de soutien, des zélateurs et autres « meddahas »… a promis des millions de logements, des augmentations de salaires et de pensions, il s’est aussi engagé à réaliser des méga projets structurants pour le bonheur des populations tout comme il est décidé à endiguer de manière définitive le chômage… Tout le monde sait que l’administration, acquise à ce dernier, à la main mise sur le processus électoral ; que le fichier varie selon les besoins ; que les bourrages d’urnes sont monnaie courante ; que les morts votent ; que le taux de participation quintuple à dix sept heures ; qu’il n’y a jamais de deuxième tour et que le candidat du système ne se suffirait pas de quatre vingt pour cent des suffrages exprimés. Alors on ne voit vraiment pas ce que pourrait proposer Abou Dinar qui ne figure déjà dans le programme ficelé, détaillé et chiffré de son adversaire. Que pourrait-il inventer pour rivaliser avec la puissance de feu et les moyens colossaux du candidat du consensus, et surtout comment pourrait-il le battre à plate couture comme il le prétend?
Elémentaire mon cher, répond sereinement Abou Dinar avec un large sourire; « tous ces gens aux poches profondes mais aux idées courtes ne m’impressionnent pas, il me suffirait de réinventer – David contre Goliath - Le géant à l’armure de bronze possédant épée, lance et javelot n’a pas impressionné le petit berger alors que ce dernier n’avait que sa volonté et une petite fronde pour l’affronter ».
« Il me suffirait mon cher Watson, de parler au peuple dans le langage qu’il comprenne en lui brandissant la seule constante nationale qui fait l’unanimité. Je lui promettrais de partager la « chkara » équitablement entre tous les citoyens sans exclusive. Chaque citoyen, quelque soit son âge, son sexe et sa catégorie sociale percevrait la modique somme de TROIS MILLE DOLLARS US. Tout le monde parle des réserves de changes qui avoisinent les cent cinquante milliards de dollars, on pourrait donc en prélever cent milliards et se les partager entre nous.
Cela semblerait peut être insensé et pourtant avec une pareille opération vous verriez les gens aller voter en masse et atteindre un taux de participation jamais égalé depuis l’indépendance, et les citoyens se chargeront eux même de surveiller les urnes. Les agents de l’administration et les appariteurs ne laisseraient point de place à la fraude puisqu’il y va de l’intérêt de tout le monde, même des non votants, que les dollars pleuvent à profusion dans les petites escarcelles ».
Parions que même des habitués du club des pins et du palais des nations voteraient Abou Dinar pour quelques milliers de Dollars.
2 mars 2009
BENBRAHIM DJILALI