Très beau roman que l’on puisse écrire sur l’occupation. Il met en scène un vieil homme et sa nièce dont la maison est réquisitionnée pour accueillir un officier allemand.
« L’occupant » s’avère être un humaniste fin lettré, amoureux des grands auteurs français et fin mélomane. Chaque soir, au coin de la cheminée, il monologue sur son amour pour la France avant de leur dire d’une manière très courtoise « Je vous souhaite une bonne nuit ». Il pense qu’il ressortira de la guerre un nouvel élan, une amitié entre l’Allemagne et la France. Le vieil homme et sa nièce lui opposent une résistance passive, incarnée par leur mutisme.
Le soldat allemand aura une permission à Paris qui lui permettra de découvrir le vrai visage de la guerre et de l’occupation allemande. Il reviendra désemparé dans le village du vieil homme et de sa nièce. Son idéalisme, sa foi en l’homme n’était qu’une illusion.
Le roman de Vercors donne toute sa gloire au rôle du silence: que ce soit dans le livre ou dans le film, nous ressentons toute la puissance du non-dit. C’est le monologue intérieur du vieil homme qui nous renseigne sur ses véritables pensées. Au delà de l’officier, il voit avant tout la figure de l’Homme. Mais le contexte lui interdit toute familiarité. Les relations entre la nièce et l’officier sont aussi très subtiles: l’officier rêve d’une « jeune femme digne et silencieuse ». La nièce se terre dans son silence , la tête constamment penchée sur son tricot. A la fin, elle prononcera fébrilement un terrible « adieu ».
La figure de l’officier allemand est inoubliable: nous ressentons son cruel dilemme: lorsqu’il découvre la barbarie de son pays, doit-il se révolter ou bien servir au mieux sa patrie malgré ses opinions? A la fin, une phrase d’Anatole France que je vous laisse découvrir, délivrée par le vieil homme français, le fera hésiter…
22 février 2009
1.Lu pour vous