L’Emir Abdelkader
Mercredi 11 Février 2009 20h03mn 40s
« alia mostefaoui »
L’humanisme de l’Emir Abdelkader chez Waciny Laaredj, l’auteur algérien charme la critique littéraire tunisienne
L’humanisme et le sens du dialogue inter-civilisationnel de l’Emir Abdelkader est le sujet d’un article publié lundi dernier par un journal tunisien à travers la critique littéraire du dernier ouvrage du romancier algérien Waciny Laaredj, le Livre de l’Emir.
Dans cette critique parue dans le quotidien la Presse de Tunisie, Rafik Darragi souligne : «La démarche de Waciny Laaredj est louable à plus d’un titre. L’oeuvre, en effet, non seulement nous livre des attitudes et des prises de position patriotiques, militaires et politiques d’une valeur inestimable, mais elle témoigne également d’une vision humaniste, d’un élan généreux pour bannir la méfiance et rapprocher les peuples.»
Fait exceptionnel, le Livre de l’Emir avait paru, pour la première fois, en mars 2005 dans plusieurs journaux arabes (Nahar, Safir, Ahram, Doustour, Raya ), dans le cadre d’un programme initié par l’Unesco. Il est officiellement publié en mai 2005 aux éditions Sindbad/Actes Sud.
L’ouvrage relate, à l’appui d’une documentation historique précise, l’amitié entre l’Emir Abdelkader et Mgr Dupuch, premier archevêque d’Alger.
«Le livre a de quoi surprendre tant par sa forme que par le message qu’il est censé transmettre.» Il commence et se termine par deux chapitres où l’auteur, par l’intermédiaire d’un narrateur, Jean Maubé, raconte un événement historique avéré : le transfert à Alger, en 1864, des cendres de Mgr Dupuch.
Au sujet de cette approche, le critique tunisien estime que le livre «touche un sujet très sensible, en cette période d’effervescence où l’humanité tout entière appréhende le choc des civilisations, aux conséquences incontournables, parce qu’il ambitionne, à sa manière, de dissiper l’incompréhension entre les peuples et semble insister sur ce qui unit et non sur ce qui sépare».
Il met également en exergue que «Waciny Laaredj n’est pas homme à oublier l’apport de l’Histoire, cette éternelle répétition à l’image même de l’homme, pétrie, pour ainsi dire, de la même glaise que celui qui la façonne et la gère. Il n’ignore pas qu’elle demeure la source inépuisable pour l’écrivain soucieux, comme lui, de mettre en valeur un épisode de son patrimoine national».
De même, le critique estime que, comme tout bon roman historique, le livre éclaire au passage sur la réalité politique et humaine sous-jacente à une relation d’amitié et «une profonde fraternité» unissant deux figures historiques de l’époque. Une relation d’amitié, baignant dans un contexte qui, selon toute vraisemblance, ne s’y prêtait pas, et dont Waciny Laaredj, «pour des raisons évidentes», allusion faite dans cette critique littéraire aux problèmes liés au dialogue interculturel que connaît le monde, allait en faire la trame de son livre.
Sans verser dans la banalité, soutient le critique littéraire tunisien, et même s’il y a pluralité de lecture, «l’auteur prend soin d’exposer les différents points de vue, mais à aucun moment les valeurs sacrées, comme l’attachement à la terre, à la religion, la lutte pour la liberté, ou encore la glorification de l’amitié, ne basculent dans la démystification».
Ainsi, le livre a de quoi surprendre tant par sa forme que par le message qu’il est censé transmettre.
Pour conclure, le critique tunisien souligne que, «dans la lutte patriotique, le champ d’action n’est point immuable, il varie selon les circonstances». Pour lui, la catharsis qui a transformé l’Emir Abdelkader est «un message de demain et de toujours, puisse-t-il être entendu».
Sihem Bounabi
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11 février 2009
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