Mardi 10 Février 2009 18h46mn 50s
« alia mostefaoui »
Dans le monde arabe, Naji Ali est à la fois LE caricaturiste et le modèle d’une certaine figure intellectuelle, celle du nationaliste arabe de gauche, dominante à son époque, aujourd’hui en passe d’être supplantée et/ou remplacée par d’autres. A l’image de Che Guevara, sa mort en “martyr” sur le pavé londonien en fait même une sorte d’icône, par le biais de “Handhala”, un personnage leitmotiv de ses dessins, que l’on retrouve sur toutes sortes de supports (comme ces tee-shirts de rappeurs palestiniens).
Handhala (حنظلة), c’est le nom de la coloquinte et celui du petit garçon au “crâne d’oeuf – en français comme en arabe, ce fruit sauvage peut faire allusion, dans certaines expressions, à la forme de la tête – qui regarde fixement, bras croisés dans le dos, l’amère réalité du monde. Apparu en 1969, il ne quittera plus l’oeuvre de Naji Ali. Mais la coloquinte est avant tout le symbole de l’amertume (selon une expression que l’on retrouve dans différents hadiths – dits prophétiques – célèbres). Une amertume douce-amère que l’on retrouve dans le regard que Naji Ali jetait sur l’actualité palestinienne, libanaise et arabe, celui d’une génération de Palestiniens jetée sur les routes de l’exil en 48, d’une génération arabe flouée de ses rêves nationalistes…
En cliquant sur l’image, les lecteurs arabophones pourront découvrir ce beau texte où Naji Ali fait parler son “Handhala”, pour une fois vieilli, peut-être pour qu’il lui ressemble…
Internet offre beaucoup de ressources sur ce très grand dessinateur, preuve s’il en fallait de son actualité. Un site officiel lui est consacré, (il y en a d’autres en arabe et en anglais ), avec en particulier ce lien sur cette émission en anglais d’Al-Jazeera.
On trouve ailleurs des biographies (en anglais avec des liens intéressants, en français et en arabe arabe). Mais on peut préférer à tout cela le texte (en arabe) écrit par l’auteur sur lui-même.
En date du vendredi 24 août, le quotidien Al-Safir consacre son supplément culturel au dessinateur qui a longtemps travaillé pour lui.
Pas moins de trois films (et pas mal de très courtes séquences, facilement repérables sur le net à partir du nom de l’auteur) ont été réalisés sur ce caricaturiste :
- La marche de la soumission (مسيرةالاستسلام) réalisé par Muhammad Tawfîq (محمد توفيق) en 1981.
- Naji al-Ali, long-métrage de fiction (moyennement bien) inspiré par la vie de l’artiste et réalisé par l’Egyptien ‘Atif Tayyeb en 1992 – on peut le visionner facilement (c’est un bain dans le climat de cette époque…)
- Naji ‘Ali, un artiste dotée d’une vision (ناجي العلي ــ فنان صاحب رؤيا), de 1999.
Enfin, et même s’il est assez éloigné de son oeuvre graphique (encore que la femme, dans le récit, est clairement intentionnellement voilée), on peut également visionner un court-métrage (20′). Il a vieilli (quelqu’un connaît-il la date de réalisation ?), mais ce récit onirique sur les relations au sein d’un couple porte un titre qui, a posteriori, fait irrésistiblement penser aux circonstances de la mort du grand dessinateur : دليل خيانة, Preuve d’une trahison…
10 février 2009
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