Lundi 9 Février 2009 19h40mn 34s
« alia mostefaoui »
IBN KHALDOUN
Précurseur médiéval de l’histoire des civilisations.
Ibn Khaldoun (1331-1406), historien arabe, a été l’un des premiers théoriciens de l’histoire des civilisations. Arnold Toynbee dit de lui qu’il a « conçu et formulé une philosophie de l’Histoire qui est sans doute le plus grand travail qui ait jamais été créé par aucun esprit dans aucun temps et dans aucun pays. »
« Vérifier les faits investiguer les causes »
Dans la Muqadimma, introduction en trois volumes de son Kitab al-’Ibar (Histoire des Arabes et des Berbères), Ibn Khaldoun écrit: « J’ai suivi un plan original pour écrire l’Histoire et choisi une voie qui surprendra le lecteur, une marche et un système tout à fait à moi (…) en traitant de ce qui est relatif aux civilisations et à l’établissement des villes ». Il est conscient que sa démarche novatrice qui rompt avec l’interprétation religieuse de l’histoire: « Les discours dans lesquels nous allons traiter de cette matière formeront une science nouvelle (…) C’est une science sui generis car elle a d’abord un objet spécial: la civilisation et la société humaine, puis elle traite de plusieurs questions qui servent à expliquer successivement les faits qui se rattachent à l’essence même de la société. Tel est le caractère de toutes les sciences, tant celles qui s’appuient sur l’autorité que celles qui sont fondées sur la raison. » Tout au long de son oeuvre, il souligne la discipline à laquelle doivent s’astreindre ceux qui exercent le métier d’historien: l’examen et la vérification des faits, l’investigation attentive des causes qui les ont produits, la connaissance profonde de la manière dont les événements se sont passés et dont ils ont pris naissance. »
Ibn Khaldoun n’a le loisir d’étudier que le monde arabo-musulman (l’Andalousie, le Maghreb, le Machreq). C’est donc dans ce cadre limité qu’il élabore sa théorie cyclique des civilisations rurales ou bédouines (‘umran badawi) et urbaines (‘umran hadari). Pour lui, les civilisations sont portées par des tribus qui fondent dynasties et empires. » Les empires ainsi que les hommes ont leur vie propre (…) Ils grandissent, ils arrivent à l’âge de maturité, puis ils commencent à décliner (…) En général, la durée de vie [des empires] (…) ne dépasse pas trois générations (120 ans environ). »
Ibn Khaldoun, conseiller auprès de deux sultans maghrébins, grand juge (cadi) au Caire, put observer de l’intérieur l’émergence du pouvoir politique et sa confrontation à la durée historique. Ibn Khaldoun est considéré comme l’un des fondateurs de la sociologie politique.
Sources:
Discours sur l’histoire universelle (Al Muqadimma), par Ibn Khaldoun, traduit de l’arabe par Vincent Monteil (Paris/Arles, Sindbad/Actes Sud, 3e édition, 1997) et Ibn Khaldoun: naissance de l’histoire, passé du tiers monde, par Yves Lacoste (Paris, François Maspero, 1978, réédité chez La Découverte, 1998).
Ibn Khaldoun.
Biographie en résumé:
Abou Zeid Abd er-Rahman, surnommé Ouéli ed-Din. Célèbre historien et philosophe de l’histoire arabe, né à Tunis en 1332, assassiné à Tlemcen en 1406.
« Ibn Khaldoun (…) a été l’un des premiers théoriciens de l’histoire des civilisations. Arnold Toynbee dit de lui qu’il a ‘conçu et formulé une philosophie de l’Histoire qui est sans doute le plus grand travail qui ait jamais été créé par aucun esprit dans aucun temps et dans aucun pays’. »
La grotte vue de l’intérieure.
Vie et œuvre:
Sa famille, originaire du Hadramaut, s’était fixé d’abord à Séville où elle avait occupé une importante situation, puis elle était venue s’établir à Tunis auprès des princes Hafsides qui lui prodiguèrent des marques de leur bienveillance et lui confièrent de hauts emplois. Après avoir reçu une excellente éducation dirigée par son père, qui avait renoncé à la carrière politique pour exercer les fonctions de mufti, Ibn Khaldoun entra au service d’Abou Ishâq II, en qualité de secrétaire (1352). Sa haute intelligence l’avait très vite fait apprécier; mais, livré bien jeune encore aux intrigues des cours africaines, il ne sut pas résister aux sollicitations dont il était l’objet et, pour satisfaire son ambition, il ne craignit pas de passer du service d’un prince à celui d’un autre quand il y
Sa famille, originaire du Hadramaut, s’était fixé d’abord à Séville où elle avait occupé une importante situation, puis elle était venue s’établir à Tunis auprès des princes Hafsides qui lui prodiguèrent des marques de leur bienveillance et lui confièrent de hauts emplois. Après avoir reçu une excellente éducation dirigée par son père, qui avait renoncé à la carrière politique pour exercer les fonctions de mufti, Ibn Khaldoun entra au service d’Abou Ishâq II, en qualité de secrétaire (1352). Sa haute intelligence l’avait très vite fait apprécier; mais, livré bien jeune encore aux intrigues des cours africaines, il ne sut pas résister aux sollicitations dont il était l’objet et, pour satisfaire son ambition, il ne craignit pas de passer du service d’un prince à celui d’un autre quand il y voyait son intérêt personnel. De là cette existence tourmentée dans laquelle il passa la plus grande partie de son existence, allant de Tunis à Fez, de Fez en Espagne, d’Espagne à Bougie, puis à Tlemcen, tantôt ambassadeur ou premier ministre, tantôt disgracié et jeté en prison. Renonçant enfin à cette vie agitée et pleine de déboires (1374), Ibn Khaldoun se retira dans une de ses terres près de Tiaret et là il composa ses Prolégomènes et commença la rédaction de son Histoire universelle, qu’il ne put achever à ce moment faute de quelques renseignements. Il se décida alors à aller à Tunis consulter les ouvrages dont il avait besoin et poursuivit sa route jusqu’au Caire dans le même dessein. Il était fixé dans cette dernière ville depuis deux ans, lorsqu’il fut nommé grand cadi malékite d’Égypte, fonctions qui lui furent enlevées puis rendues à trois reprises différentes et qu’il occupait encore quand il mourut en 1406. Durant un voyage qu’il avait fait en Syrie pour accompagner le sultan El-Malik En-Nâsir, Ibn Khaldoun se trouva enfermé à Damas et fait prisonnier par Tamerlan qui lui rendit la liberté et le traita ensuite avec beaucoup d’égards. Sous le titre de Moqaddimât (Prolégomènes), Ibn Khaldoun a rédigé une sorte d’introduction à l’histoire des Arabes et de philosophie de cette histoire qui est un des ouvrages les plus remarquables parmi ceux qui ont été écrits par les auteurs musulmans au point de vue historique. Il y a déployé une grande largeur de vues, une vaste érudition et y a montré un sens critique (…)»
Source: Maison de Tiaret.
9 février 2009
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