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« Le pot au noir »
Zone océanique peu appréciée des marins en raison des conditions météorologiques qui y règnent
Chez les non-marins, le pot au noir redevient célèbre à chaque course à la voile qui traverse cette zone des océans située à proximité de l’équateur et où convergent les alizés venus des tropiques.
Cet endroit, à la météo très instable (on peut y passer en peu de temps d’un calme plat total à des vents inconstants en force et direction jusqu’à un orage extrêmement violent) est caractérisé par une formation fréquente de cumulo-nimbus, ces très gros nuages à la forme d’enclume en haute altitude, très noirs à la base, et sous lesquels les orages violents sévissent.
Voici d’ailleurs ce qu’on peut lire à propos de cet endroit :
« En cet endroit de l’océan règne une activité atmosphérique de surface exceptionnelle. Deux phénomènes en sont principalement à l’origine. La grande chaleur due à la proximité de l’équateur provoque une évaporation hors du commun. Les alizés nord et sud se rejoignent à cet endroit. La concentration de cumulo-nimbus y est donc plus forte qu’à n’importe quel autre endroit du globe. Si les vents dominants sont logiquement d’est, l’accumulation des gros nuages noirs souvent orageux annule et anarchise la circulation générale de l’air. Il en résulte, quand la zone est très active, une vaste zone de vents erratiques et évanescents qui font douter les marins sur leur capacité à pouvoir sortir de cet endroit. »
Il ne semble pas y avoir d’explication certaine sur l’origine de la dénomination de cette zone. Une chose est sûre, cela n’a rien à voir avec un poteau noir qui aurait découvert le poteau rose près du Potomac.
Ce qu’on sait, c’est qu’à la fin du XVIIe siècle, dans un jeu apparenté au colin-maillard, lorsque celui qui avait les yeux bandés risquait de se cogner dans quelque chose on lui lançait un « gare au pot au noir » d’avertissement, peut-être parce que, se cognant, il risquait de se faire un ‘noir’, autre nom de la bosse à l’époque.
Par extension, le pot au noir a désigné, à la fin du XIXe siècle, une situation embrouillée, dangereuse, caractéristique de ce qu’on peut trouver dans notre zone, qui aurait donc été nommée ainsi pour cette raison.
Cette appellation a été également utilisée par les aviateurs vers 1930 pour désigner une zone d’orages sans visibilité.
« (…) lorsque Mermoz, pour la première fois, franchit l’Atlantique Sud en hydravion, il aborda, vers la tombée du jour, la région du Pot-au-Noir. Il vit, en face de lui, se resserrer, de minute en minute, les queues de tornades (…) puis la nuit s’établir (…) Et quand, une heure plus tard, il se faufila sous les nuages, il déboucha dans un royaume fantastique. »
Antoine de Saint-Exupéry – Terre des hommes
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5 février 2009
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