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« Se cailler les miches / les meules »
Avoir (très) froid
Et pour commencer, pourquoi dit-on ‘se cailler’ ?
L’image serait apparue chez Céline dans les années 1930.
On sait que ‘cailler’ désigne une coagulation sous l’effet d’un refroidissement ou d’une fermentation. Imaginez alors qu’il fasse tellement froid que votre sang caille à l’intérieur de vos veines.
« Se cailler » voudrait alors dire « se refroidir au point que le sang ne puisse plus circuler, tellement il se fige ».
Passons maintenant aux miches.
Prenez une belle miche de pain, une grosse boule fendue dans sa longueur. Est-ce que ça ne vous rappellerait pas une belle paires de fesses séparées par un beau sourire vertical ?
C’est en tous cas, l’image qui, dans l’argot de la fin du XIXe siècle, a fait appeler ‘miches’ les fesses.
Et pour conforter la métaphore, un peu avant, au milieu du même siècle, la miche désignait aussi la lune, à laquelle on compare souvent les fesses.
Enfin, pourquoi les meules ?
Là, les explications sont nettement moins affirmatives. Cette appellation des fesses, apparue au milieu du XXe siècle, pourrait être due à l’analogie de forme avec le sommet arrondi d’une meule de foin.
Mais, dans une réflexion un peu plus tirée par les cheveux (mais pas forcément étonnante pour l’époque), on peut aussi faire le lien avec la meule du moulin à huile, celle qui broie les olives pour produire une huile excellente. Ne dit-on pas de quelqu’un qui a peur qu’il serre les fesses ? Et, par plaisanterie, s’il a très peur et qu’on lui insère une olive au bon endroit, qu’il serait capable d’en tirer deux litres d’huile, tellement il les serre ? D’où la possible comparaison des fesses à des meules…
Tout ça pour arriver qu’au fait d’avoir très froid aux fesses, c’est finalement, d’une manière plus générale, avoir très froid à tout le corps.
« Ça tombe bien : en parlant de mensonges, allez-vous vous décider à me dire ce qu’on fait là, à se cailler les miches au beau milieu d’une orgie de courants d’air ? »
Maxime Gillio – Le blues du corsaire
« En attendant, cela m’a valu l’immense privilège de me cailler les meules un matin de novembre sur les Champs-Élysées pour l’avènement du Père de Gaulle, puisqu’on défilait pour l’occasion. »
Olivier Champenois – Le vol du canard
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4 février 2009
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