GERMINAL
Quatrième partie chapitre 7
De « Il fut terrible… » à « …gorgée de chair humaine. »
Introduction
· Nommer le titre, l’auteur du livre : Emile Zola
· Situer le texte
· Présenter les axes de lecture (intérêt de ce passage)
Lecture
Il fut terrible, jamais il n’avait parlé si violemment. D’un bras, il maintenait le vieux Bonnemort, il l’étalait comme un drapeau de misère et de deuil, criant vengeance. En phrases rapides, il remontait au premier Maheu, il montrait toute cette famille usée à la mine, mangée par la Compagnie, plus affamée après cent ans de travail; et, devant elle, il mettait ensuite les ventres de la Régie, qui suaient l’argent, toute la bande des actionnaires entretenus comme des filles depuis un siècle, à ne rien faire, à jouir de leur corps. N’était-ce pas effroyable? un peuple d’hommes crevant au fond de père en fils, pour qu’on paie des pots-de-vin à des ministres, pour que des générations de grands seigneurs et de bourgeois donnent des fêtes ou s’engraissent au coin de leur feu! Il avait étudié les maladies des mineurs, il les faisait défiler toutes, avec des détails effrayants: l’anémie, les scrofules, la bronchite noire, l’asthme qui étouffe, les rhumatismes qui paralysent. Ces misérables, on les jetait en pâture aux machines, on les parquait ainsi que du bétail dans les corons, les grandes Compagnies les absorbaient peu à peu, réglementant l’esclavage, menaçant d’enrégimenter tous les travailleurs d’une nation, des millions de bras, pour la fortune d’un millier de paresseux. Mais le mineur n’était plus l’ignorant, la brute écrasée dans les entrailles du sol. Une armée poussait des profondeurs des fosses, une moisson de citoyens dont la semence germait et ferait éclater la terre, un jour de grand soleil. Et l’on saurait alors si, après quarante années de service, on oserait offrir cent cinquante francs de pension à un vieillard de soixante ans, crachant de la houille, les jambes enflées par l’eau des tailles. Oui I le travail demanderait des comptes au capital, à ce dieu impersonnel, inconnu de l’ouvrier, accroupi quelque part, dans le mystère de son tabernacle, d’où il suçait la vie des meurt-de-faim qui le nourrissaient! On irait là-bas, on finirait bien par lui voir sa face aux clartés des incendies, on le noierait sous le sang, ce pourceau immonde, cette idole monstrueuse, gorgée de chair humaine!
Discours rapporté
- Style direct (discours direct ) :
· Reconnaissable aux guillemets, introduit par un verbe de parole et un tiret. - Style indirect (discours indirect) :
· Le narrateur transpose les verbes ou les pensées
· Subordination à un verbe de parole introducteur
· On transpose les indicateurs de temps et de lieux
· Présence d’une interprétation des paroles ou pensées des personnages - Discours indirect libre :
Lorsque les paroles ou les pensées d’un personnage sont rapportées sans verbe introducteur. Il peut y avoir fusion des 2 voix avec une tonalité ironique. Dans le roman du XIX (Mme Bovary), il n’y a pas de subordination. Il y a ambiguïté car la voix du personnage et du narrateur sont mêlées. On utilise l’imparfait. - Discours narrativisé ou raconté :
· Traiter le récit de paroles ou de pensées comme le récit d’un événement. On condense les paroles ou les pensées en les notant comme des faits
Commentaire composéI. La virulence du ton
a) Les 2 types de discours rapporté
– Discours narrativisé :
· » Si violemment « , » criant «
· Ton défini par le narrateur
· Violence clairement expliquée
- Discours indirect libre :
· Mieux retranscrits
· Rend le discours plus actuel
· Meilleur impact sur le lecteur
· Plus de détails
b) Le rythme des phrases : rythme ternaire :
– Enumérations (maladies)
- Juxtapositions
- Pléonasmes (figure de répétition) : même sens
- Anaphore (figure de répétition) : Répétition du même mot
- Ponctuation, modalité exclamative
- Interrogation rhétorique : » N’était ce pas … ! «
c) Le vocabulaire
– Reflétant l’appartenance d’Etienne à la classe ouvrière ( » on « )
- On a la métaphore du Minotaure pour montrer la soumission des mineurs. Il y a germination de l’armée des mineurs.
- Le narrateur prend les idées d’Etienne à charge, il prend en charge l’idée du Minotaure (l’exploitation des mineurs). Il y a un mélange des 2 voix, celle du narrateur et celle d’Etienne. Cela amplifie la force des arguments d’Etienne.
II. La force des arguments et des images
1er argument : La misère des mineurs exploités par les bourgeois
2ème argument : La future révolte des mineurs qui menacent ( » Mais » : valeur adversative à Qui va proposer un renversement des idées, un changement par rapport au 1er).
- Images :
· du Minotaure : » dieu impersonnel « , » idole monstrueuse « , » Ventres de la régie » (idée de dévoration)
· » s’engraisser « , » absorber « , » sucer la vie » avec l’idée de vampire, » pourceau immonde « , » gorgée de chair humaine « . Il y a une graduation dans le niveau de dévoration.
- Métaphore de la germination : » germer « , » moisson « , » poussait «
- Dimension de leader d’Etienne : il exhorte les mineurs à la révolution. Il veut mettre la société à feu et à sang. Il incite à la révolution. Il prend ici sa dimension politique. Cette ambition politique est exprimée par l’utilisation du conditionnel.
Conclusion
La violence du ton est amplifiée par la violence des images. Il y a une amplification tout le long du texte jusqu’à l’image de la révolution qui confère à Etienne la place de leader politique. Le texte annonce la violence de la destruction et de la continuation de la grève et la révolte à venir.
Zola fait un résumé de la situation des mineurs et que la révolution (des ouvriers n’est pas inévitable) est une menace permanente sur la bourgeoisie. Zola ne s’engage pas, il montre simplement. Zola a envie d’informer, de prévenir les bourgeois que si les choses ne changent pas, il va y avoir une révolution et un bouleversement de la société.
4 février 2009
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