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GERMINAL-La mine infernale

4 février 2009

1.Lu pour vous

GERMINAL

Première partie chapitre 4 : La mine infernale

De « C’était Maheu… » à « …la pluie des sources. »

Introduction 

      Le texte que nous allons étudier se trouve au début du chapitre 4 de la 1ère partie, consacrée à l’exposition des personnages et de leur situation. Etienne Lantier est engagé à la mine et y remplace Fleurance, ancienne hercheuse. Il y fait donc un travail de femme.
Le texte décrit les conditions de travail des mineurs. Le lieu est vécu comme un monde infernal à cause de la chaleur et de l’obscurité. Le texte, également, montre le « supplice  » (l.6) du mineur dominé par les éléments. La structure du texte en deux paragraphes évoque, premièrement, la souffrance de Maheu et, deuxièmement, une terrible description des lieux.
Nous ferons une étude linéaire de ce texte.

Lecture

C’était Maheu qui souffrait le plus. En haut, la température montait jusqu’à trente-cinq degrés, l’air ne circulait pas, l’étouffement à la longue devenait mortel. Il avait dû, pour voir clair, fixer sa lampe à un clou, près de sa tête; et cette lampe, qui chauffait son crâne, achevait de lui brûler le sang. Mais son supplice s’aggravait surtout de l’humidité. La roche, au-dessus de lui, à quelques centimètres de son visage, ruisselait d’eau, de grosses gouttes continues et rapides, tombant sur une sorte de rythme entêté, toujours à la même place.
Il avait beau tordre le cou, renverser la nuque: elles battaient sa face, s’écrasaient, claquaient sans relâche. Au bout d’un quart d’heure, il était trempé, couvert de sueur lui-même, fumant d’une chaude buée de lessive. Ce matin-là, une goutte, s’acharnant dans son oeil, le faisait jurer. Il ne voulait pas lâcher son havage, il donnait de grands coups, qui le secouaient violemment entre les deux roches, ainsi qu’un puceron pris entre deux feuillets d’un livre, sous la menace d’un aplatissement complet.
Pas une parole n’était échangée. Ils tapaient tous, on n’entendait que ces coups irréguliers, voilés et comme lointains. Les bruits prenaient une sonorité rauque, sans un écho dans l’air mort. Et il semblait que les ténèbres fussent d’un noir inconnu, épaissi par les poussières volantes du charbon, alourdi par des gaz qui pesaient sur les yeux. Les mèches des lampes, sous leurs chapeaux de toile métallique, n’y mettaient que des points rougeâtres. On ne distinguait rien, la taille s’ouvrait, montait ainsi qu’une large cheminée, plate et oblique, où la suie de dix hivers aurait amassé une nuit profonde. Des formes spectrales s’y agitaient, les lueurs perdues laissaient entrevoir une rondeur de hanche, un bras noueux, une tête violente, barbouillée comme pour un crime. Parfois, en se détachant, luisaient des blocs de houille, des pans et des arêtes, brusquement allumés d’un reflet de cristal. Puis, tout retombait au noir, les rivelaines tapaient à grands coups sourds, il n’y avait plus que le halètement des poitrines, le grognement de gêne et de fatigue, sous la pesanteur de l’air et la pluie des sources.

Etude I. Un personnage anonyme :

 

  •  » C’était…qui  » + « le plus « (l.1) : phrase présentative et superlatif, mise en valeur de la souffrance du personnage.
  •  » trente-cinq degrés « (l.2) : indication réaliste de la chaleur.
  •  » En haut  » (l.1) : indication réaliste géographique.
  •  » pas d’air  » (l.1 et 2) : phrase négative.
  •  » mortel  » et « étouffement  » (l. 2 et 3) : renforce l’idée de la mort.
  • Phrase l.1, 2 et 3 : rythme ternaire qui martèle la souffrance du personnage.
  • Le texte est à l’imparfait ; il évoque les actions des mineurs :  » avait dû  » (l.4),  » chauffait  » (l.5) et « achevait  » (l.6).
  •  » brûler le sang  » (l.6) : métaphore qui renforce l’idée de la souffrance.
  •  » mais  » +  » aggravait  » (l.6 et 7) : ce mot de liaison et ce verbe qui traduit l’exagération indique un nouveau supplice : l’humidité.
  •  » La roche  » (l.7) : sujet de la phrase. Maheu n’est plus le sujet, il subit l’action.
  • Champ lexical de l’eau :  » ruisselait d’eau  » (l.8),  » gouttes  » (x2) (l.9 et 15),  » trempé  » (l.13),  » chaude buée de lessive  » (l.14 et 15).
  •  » grosses gouttes  » (l. 9),  » continues  » (l.9),  » tombant  » (l.9),  » rythme  » (l.10),  » entêté  » (l.10),  » toujours  » (l.10),  » écrasaient « (l.12),  » claquaient « (l.12) et  » relâches  » (l. 12) : sons durs (allitérations ) en [g], [t], [r] et [k].
  •  » Il avait beau  » (l.11) : impuissance de Maheu.
  •  » battaient « ,  » s’écrasaient  » et  » claquaient  » (l.12) : personnification des gouttes, les adversaires de Maheu.  » Gouttes  » (l.15) est aussi sujet d’énonciation de la phrase.
  •  » un quart d’heure  » (l. 13) : la situation des mineurs est terrible dès un quart d’heure de travail.
  •  » tordre le coup, renverser la nuque  » (l.11) : situation physique difficile du personnage, position physique très inconfortable.
  •  » goutte  » ?  » s’acharnant  » (l.15) : opposition entre la faiblesse de la goutte et la dureté du participe. Tous les éléments ont un effet sur Maheu.
  •  » Il ne… havage  » (l.16) +  » grands coups  » (l .17) : résistance de l’homme, motivation du travail.

Nous avons vu le supplice de Maheu qui est comparé à un  » puceron  » (l.18). Il est relégué au rang d’animal, écrasé (portée symbolique et référence au boisage). Tout cela est synonyme de la condition des mineurs. Nous allons maintenant observer le second paragraphe qui s’intéresse davantage à la description des lieux.

II. Second paragraphe : 

  •  » Pas une parole…irréguliers  » (l.21 et 22) : phrases négatives et restrictives. La parole humaine disparaît.
  •  » irréguliers  » (l.22), « voilés  » (l.22) et  » lointains  » (l.23) : atmosphère sonore étrange où on entend seulement les bruits dus au travail des mineurs. Il n’y a plus d’humanité.
  •  » air mort  » (l.24) : monde infernal.
  •  » semblait que  » (l. 24) et  » noir inconnu  » (l.25) : pas de repérage géographique possible.
  •  » épaissi  » (l.25),  » alourdi  » et  » pesaient  » (l.26) : champ lexical du poids qui traduit les conditions difficiles.
  •  » n’y mettait que des points rougeâtres  » (l.29 et 30) : construction restrictive. Le préfixe âtre est péjoratif. Les perceptions visuelles de la mine sont très mauvaises ®  » on ne distinguait rien  » (l.29) :  » on  » = pronom indéfini, aucun nom de personnage n’est évoqué.
  •  » nuit profonde  » (l.30) : comparaison de la mine ? évocation de ce que le public connaît.
  •  » spectrales  » (l.32) : les hommes apparaissent sous forme de fantômes. Le verbe  » s’y agitaient  » (l.32) renforce l’idée de fantôme ? les hommes ne s’agitent pas normalement.
  •  » lueurs perdues  » (l.32) : absence de vraie lumière dans la mine.
  •  » une rondeur de hanche, un bras noueux, une tête violente, barbouillée comme pour un crime  » (l.33, 34 et 35) : les corps des mineurs sont désarticulés, démantelés. La suie est évoquée par l’adjectif  » barbouillée « .
  •  » violente  » (l.34) et  » crime  » (l.35) : une certaine forme de violence.
  •  » luisaient  » (l.35),  » allumés  » (l.36) et  » reflet de cristal  » (l.37) : la roche devient lumineuse, ce qui met la mine en valeur. On remarque une opposition avec la condition des mineurs.
  •  » halètement  » et  » grognement  » (l.39) : les mineurs sont réduits à deux souffles. On voit aussi une image de l’animal derrière ces deux bruits.
  •  » poitrine  » (l.39),  » pesanteur  » (l.40) et  » pluie  » (l.40) : labiale sourde ? gêne du mineur.
  •  » tout  » (l.37) : accentue l’anonymat des mineurs. On remarque aussi que les mineurs ne sont quasiment jamais sujet d’énonciation dans cette seconde partie.

Conclusion       Zola, après avoir évoqué le supplice d’un homme, Maheu, choisit de décrire l’étrangeté du puits, en l’assimilant à l’enfer. Ce texte, comme souvent dans le roman, même s’il montre la volonté de l’écrivain de décrire une réalité terrible, comporte aussi une portée symbolique. Cette image laisse présager la fin du Voreux aux yeux du lecteur.

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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