Antigone
Jean ANOUILH
Le politique
De « Mais bon dieu… » à « …Tu le comprends cela. »
Introduction
La scène précédente montre l’affrontement entre ceux qui disent « oui » et ceux qui disent « non ». Antigone a dit « non » parce qu’elle est libre et qu’elle a tous les droits. Créon n’a que des devoirs car il est roi. Il veut lui faire comprendre que dans certaines situations dramatiques, on est obligé de dire « oui ».
Il utilise une métaphore filée originale, celle de la marine : quand il y a une tempête en mer, il faut que quelqu’un se dévoue pour prendre le gouvernail.
Lecture du texte
Annonce des axes de lecture
Commentaire littéraire
I. Le roi : celui qui mène la barque
Dans cette partie, Créon se présente comme le capitaine qui mène la barque au milieu des menaces extérieures.
Antigone reste sur sa position et Créon se met en colère : il commence à perdre son sang froid « bon dieu ! » « Petite idiote », langage familier qu’il n’a jamais utilisé auparavant.
Il fait appel à la compréhension d’Antigone « j’ai bien essayé de te comprendre moi ! » Mais le passé composé montre que cet acte est déjà un échec.
La répétition de « il faut » insiste sur l’obligation d’agir. Pour se faire comprendre, il va utiliser la métaphore de la barque (mener la barque : gouverner). Il ne se nomme pas. Il s’exprime d’une manière générale.
Explication de la métaphore « cela prend l’eau… »
L’eau : crime, bêtise, misère
Le gouvernail est là qui ballotte : personne ne gouverne plus
Les officiers : conseillers, notables
L’équipage : peuple
La situation est catastrophique, le vent siffle : c’est l’anarchie, on est prêt de la guerre civile et certains essayent de tirer profil de la situation (notables qui volent, peuple qui pille).
Tout n’est qu’égoïsme et lâcheté et « le mât craque » : le vocabulaire devient familier « brute » « colère » « crevée » « sauver sa peau », conséquence de l’égoïsme général. Chacun ne pense qu’à « ses petites affaires ».
II. Un métier difficile et ingrat
Créon fait appel à la logique d’Antigone : il lui fait comprendre que dans une telle tourmente, il n’a pas le temps de se poser des questions, de réfléchir. Il faut agir.
Il continue sa métaphore « on prend le bout de bois ». Elle est marquée par de nombreux verbes d’actions « prend », « redresse » « gueule » « tirer ». Créon s’efface. Le sauvetage prime sur le reste : il faut éliminer tous les opposants à la cité pour le bonheur de celle-ci.
Pour cela, il faut : Etre le plus fort, tirer dans le tas, Montrer son autorité, Se faire respecter.
La tempête et les éléments déchaînés montrent qu’on ne peut pas faire de sentiments, le combat est difficile.
Pour Créon, seule Thèbes compte. Il faut la sauver de l’anarchie. Pour lui, tout sentiment personnel doit disparaître au nom de la citée.
Créon explique dans cette scène sa vision réaliste du pouvoir : il aime sa cité plus que lui-même.
Il n’a aucune ambition personnelle. Créon fait parti de ses gens simples et courageux auxquels Anouilh aime rendre hommage.
3 février 2009
1.Lu pour vous