un peu d’histoire: Tagdemt
Vendredi 30 Janvier 2009 19h28mn 43s
Tagdemt est une cité antique qui renait de l’oubli pendant le règne des Rostémides sous le nom de TIHERT-LA NEUVE. Elle disparaît de nouveau pour refaire surface avec la résidence de l’Emir Abdelkader sous son nom originel: TAGDEMT, dont les vestiges ont tout l’air de se confondre avec ceux de l’ancienne capitale Rostémide. Curieuse communion de deux prestigieuses capitales.
Pendant sept ans (1836-1841), Tagdemt sera la capitale militaire, politique, économique et culturelle de l’Etat de l’Emir Abdelkader. L’illustre résistant projetait d’y établir une bibliothèque et une université grâce aux milliers d’ouvrages et manuscrits qu’il réunit au prix de nombreux déplacements de l’Etat national moderne.
L’Emir Abdelkader a fait de Tagdemt l’une de ses principales fortes dotée de fortifications, de dépôts de munitions, de salpêtre, de cuivre, de plomb, de fer et autres machines et outillage qui servaient à la fabrication de fusils. Tagdemt abritait également une solerie, une usine de textile et un atelier où l’Emir faisait frapper la monnaie qui est l’un des fondements de l’Etat National moderne.
Parallèlement à la politique de la terre brûlée qu’il menait impitoyablement contre les populations algériennes, Bugeaud dirigea lui-même une expédition contre Tagdemt. Dès le 18 Mai 1841 , l’armée française se mit en mouvement à partir de Mostaganem. Elle était formée de deux divisions , la première commandée par le Duc De Nemours et la deuxième par le général Delamoricière. Cette armée se composait de douze bataillons de six cents hommes chacun, du deuxième régiment de chasseurs d’Afrique, des spahis réguliers d’Oran et de cinq cent auxiliaires conduits par le tristement célèbre Mustapha Bensmail.
Au total 10.000 hommes (dix mille) marchaient sur Tagdemt, traînant avec eux un immense convoi de vivres et de munitions ainsi que le matériel qui pouvait servir à un siège.
Le 25 Mai 1841, l’armada découvrit Tagdemt en flammes. A l’approche des français Abdelkader y avait mis le feu après l’avoir évacué : stratégie qui consistait à ne pas céder à l’ennemi des villes qui auront coûté au chef de la résistance tant d’efforts et tant de moyens.
Privé d’une bataille qu’il aurait certainement emportée, Bugeaud inflige le coup de grâce à une place forte que les flammes commençaient déjà à dévorer . Le champion du génocide fit renverser par les mines les murs du fort et détruisit les maisons par des canonnades .
LA SMALA: CAPITALE DE L’ETAT D’ABDELKADER
Après la destructions des ses places fortes par un ennemi plus fort en homme et en matériels et de Tagdemt, capitale qui centralisait les pouvoirs militaires et administratifs, de l’Emir Abdelkader, stratégie au génie incomparable, mit en place une capitale itinérante que l’on connaîtra désormais sous le nom de SMALA.
Cette ville campement avait la faculté de changer de lieu à n’importe quel moment.La célèbre Smala était devenue insaisissable. L’effectif de cette ville mobile variait de 20 à 30.000 personnes (60.000 selon d’autres sources ), disposées par groupes , par famille, par professions et par fonctions, selon une intelligence et originale conception dont la présentation mérite une présentation exhaustive.
L’armée française poursuivaient sans répit la nouvelle capitale qui disparaît aussitôt signalée. Des espions sont lâchés partout pour localiser la Smala qui venait de planter ses tentes le 15 Mai 1843 à TAGUINE , à une quarantaine de kilomètre au sud de Ksar-Chellala. Sur renseignement d’un auxiliaire, le Duc d’Aumale rassemblera 2.000 fantassins, 500 cavaliers et 500 auxiliaires . Les spahis portaient la garde de la Smala qui fut attaquée par surprise le 16 Mai 1843 . L’Emir Abdelkader était absent.
Sans pitié, les sabreurs de l’armée francaise parmi lesquels le sinistre mercenaire Youcef , semèrent la panique parmi les femmes, les enfants, les malades. C’est le désastre. L’armée française pilla tous les biens, déroba le trésor de l’Etat, s’empara du matériel de guerre et aussi et surtout de la précieuse bibliothèque à laquelle tenait fortement l’Emir Abdelkader qui accordait au livre et à la plume une place honorable.
Quand il apprend la mauvaise nouvelle, il fut durement éprouvé.
Après Mascara, Tagdemt, voilà que sa Smala, insaisissable pendant trois ans, est réduite à néant.
Mais, même privés des assises militaires et administratives de son Etat, l’Emir Abdelkader poursuivra le combat avec la même fougue, la même détermination, la même bravoure, la même foi. Et ce n’est qu’au prix des génocides et des razzias systématiques que les français remporteront une victoire sans honneur sur l’un des plus illustres hommes du 19eme siècle.
30 janvier 2009
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