L’ŒUVRE D’ASSIA DJEBAR
Par Benmesbah Ali
Ecrire, s’écrire : la perspective est certainement beaucoup plus compromettante pour une femme d’origine arabo-musulmane. Pourtant, depuis des années, des femmes dans tous les coins du monde arabe et musulman ne cessent d’écrire. « Ecrire pour ne pas mourir », écrire au risque de mourir : c’est ainsi que se conjugue leur vie au fil des jours, au fil des années. Parmi toutes celles qui, dans ce monde arabo-musulman où la femme est menacée jusque dans sa liberté la plus individuelle, ont choisi la plume, les Algériennes sont les plus nombreuses. Yamina Mechakra, Leila Aouchal, Hawa Djabali, Nadia Ghalem, Assia Djebar… Close, la liste ! jamais elle ne le sera car tous les jours de nouvelles voix de femmes se font entendre en prenant corps et volume sous leurs plumes.
Assia Djebar est l’une des premières femmes algériennes ayant choisi cette voie. Sa carrière d’écrivain, elle la retrace dans les premières pages de son roman L’Amour, la fantasia (1985).
Inaugurée la veille de la révolution algérienne avec La Soif (1957) où, paradoxalement, (ce qu’on lui a toujours reproché) elle représente « une héroïne de roman occidental » muée par « le défi juvénile » – la romancière n’avait alors que vingt ans – son œuvre s’est depuis enrichie et a conquis un vaste public en Algérie comme en France.
A la suite de Les Enfants du nouveau monde (1962), elle publie Les Alouettes naïves (1967), roman qui lui vaut beaucoup de succès et relance sa carrière d’écrivain. Dans ces deux romans, Assia Djebar retrace les aventures amoureuses de ses héroïnes, « l’amour qui s’est transmué dans le tunnel du plaisir, argile conjugale ». Après un repos de treize ans, elle renoue avec la plume et édite un recueil de nouvelles intitulé Femmes d’Alger dans leur appartement (1980) qui s’inspire largement du tableau de Delacroix. Suivent trois romans en série : L’Amour, la fantasia (1985, réédité en 1995 puis en 2002), Ombre sultane (1987) (romans évoqués dans la suite de la citation) et Loin de Médine (1991). Romans en série : Assia Djebar ne déclare-t-elle pas dans la première page d’Ombre Sultane que ce roman « est le second volet du quatuor romanesque commencé avec L’Amour, la fantasia » ? Le quatuor étant « une œuvre de musique d’ensemble écrite pour quatre instruments ou quatre voix d’importance égale », nous nous sentions en droit de nous demander si le chiffre quatre ne fait pas allusion là à un quatrième roman qui conclurait cette série. Notre intuition s’est effectivement confirmée avec la publication en mars 1995 de son dernier roman Vaste est la prison.
26 octobre 2009 à 5 05 10 101010
LE QUATUOR EST INACHEVE ; LOIN DE MEdine NE FAIT PAS PARTIE DU QUATUOR;
les trois volets du quatuor sont
l amour la fantasie
ombre sultane et vaste est la prison
26 octobre 2009 à 21 09 09 100910
Cher monsieur,
Vous avez parlé de « relance de carrière » avec le roman « Les Alouettes Naïves »? Surement, mais la soif fut un défi, on peut écrire autre chose en temps de guerre que sur la guerre elle même!!C’est sans aucun doute ce qui fâche « les bons penseurs ».
On attend avec impatience le quatrième roman de son quatuor…Le dernier roman en date:
« Nul part dans la maison de mon père » est un chef d’oeuvre de descriptions minutieuses, de portraits de femmes, en autres, de sa propre mère, à en vous suspendre l’haleine….
Mme Djebar a atteint là un niveau d’écriture jamais égalé …..
Je suis par ailleurs contente de constater que beaucoup de critiques, dont les critiques suédois essentiellement, la classe désormais parmi les plus grands romanciers de notre siècle…
26 octobre 2009 à 21 09 51 105110
pardon je voulais écrire « la classent ».
Autant pour moi….