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Au royaume de bloguie 2

29 décembre 2008

BENBRAHIM DJILALI

Lundi 29 Décembre 2008 21h32mn 19s

http://nadorculture.unblog.fr/courrier/

Auteur     : Djilali Benbrahim (IP: 41.201.102.93 , 41.201.102.93)
E-mail     : bendji1er@yahoo.fr
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Commentaire:
AU ROYAUME DE BLOGUIE. (2).
Le Marquis,  d’habitude  calme et serein, semble en cette veille de noël inquiet. Les nouvelles qu’il vient de recevoir ne sont pas pour plaire au Roi et c’est malheureusement à lui qu’incombe la délicate tâche de l’en informer. Il ne tient pas sur place, il gigote sur son fauteuil en consultant nerveusement quelques documents qu’il laisse tomber négligemment sur son bureau puis se dirige vers la fenêtre. Il colle son visage sur la vitre qu’il couvre d’une buée en soufflant dessus pour y incruster

distraitement des graffitis qui l’étonnent lui-même tellement il est absorbé par l’inquiétude et l’angoisse. Son regard semble perdu dans cette brume à qui il reproche de lui cacher bien des choses ; il donne l’impression de chercher une solution miracle dans ce jardin enneigé qu’il ne cesse scruter. Il se ronge les ongles comme il le faisait quand il était encore tout gamin au couvent où il avait été recueilli au mi brumaire de la sainte année qui a vu le défunt Roi père DAMAMICHE accéder au trône de BLOGUIE, après la défaite des républicains.
C’était l’année, de la révolution scientifique, qui permit à la petite lucarne d’envahir le monde et d’inviter tout un panel de personnalités et d’artistes à se produire dans le château et dans les résidences seigneuriales, avant de s’installer définitivement dans les demeures les plus humbles du royaume.  La boîte magique émettait en noir et blanc, mais c’était quand même révolutionnaire d’être informé au jour le jour de ce qui se passait à travers le monde.     Le Roi père, en homme sage ; tout en défiant les décrets pontificaux interdisant  l’utilisation et l’exploitation cette œuvre Satanique, réussit le coup de maître du siècle. En effet, grâce à son entregent, il parvint à se faire inviter au Vatican pour un entretien en tête à tête de plus de trois heures avec le Saint père. Tous les cardinaux de l’église catholique ainsi que le camerlingue furent ébaubis en voyant le Pape, au sortir de l’entrevue, afficher un sourire beat à défriser les quelques tignasses réticentes ; en s’invitant lui-même au royaume de BLOGUIE pour une visite de courtoisie et de béatification.     Et c’est justement à l’occasion de la préparation de  cette visite que le petit KALAHOUM vit pour la première fois le jeune Prince Rabah accompagnant le Souverain qui l’initiait au métier de Roi, pour une visite d’inspection à la chapelle Sixteenne ; Seventeen, Eigtheen. Il a été frappé par la nonchalance du petit prince qui, à première vue, paraissait ne point s’intéresser à toutes ces histoires de protocole alors qu’en réalité il n’en ratait pas une. Dans un opuscule, récapitulatif de sa grande œuvre en seize volumes, sur les longues et dures péripéties de la dynastie  ALLHOME remontant jusqu’au seizième siècle, plus exactement jusqu’à l’ordre  des premiers jésuites fondé par Saint Ignace en 1534 et confirmé par le Pape Paul III en 1540 ; KALAHOUM écrit que c’est en voyant le prince Rabah qu’il avait compris qu’il le suivrait partout où il irait et qu’il lui resterait fidèle, près à mourir pour lui. Ce qui l’avait séduit, explique-t-il en page vingt huit, ce sont ses yeux bleus innocents dégageant une tendresse et une sérénité royale, le visage joufflu d’un bébé des spots publicitaires vantant les mérites des couches culottes qu’il n’a d’ailleurs jamais portées,  et les fossettes creusées pour recevoir ces larmes salées qu’il aime bien lécher du bout de sa langue quand il succombe à l’émotion. Sa  taille bréviligne et courtaude, détaille – t-il par plus loin, est vite estompée par la grandeur de l’âme dégageant une aura charismatique que ne possèdent, en ce bas monde, que quelques grands seigneurs érudits et exégètes.     Comment  dire les choses simplement sans risquer de provoquer la crise d’asthme qui pointe à chaque fois que le Roi est contrarié ;surtout que la quinte de toux qui accompagne forcément cette dernière le projette dans un état second que les médecins du palais craignent plus que n’importe quel autre mal étant donné que dans ces états le souverain perd tous ses contrôles et devient sujet à l’incontinence et à l’aérophagie ; situation  très gênante pour sa seigneurie, surtout pendant les réceptions officielles.      Comme il regrette l’absence du fidèle ami du Roi, le moine Zen, appelé d’urgence au Tibet, pour apporter aide et assistance au Dalaï-lama qui devrait se rendre en Inde. Plongé dans ses réflexions, le marquis fut étonné de voir devant lui le capitaine de la garde royale qu’il venait pourtant d’autoriser à entrer dans son bureau. L’officier, tout en le saluant réglementairement, décela dans son regard une étrange impression qu’il n’arrivait pas à définir mais qui ne présageait rien de bon.   

-Capitaine ! Ce que j’ai à vous dire est confidentiel et ne doit pas sortir de cette pièce, dit le Marquis qui cherchait ses mots pour ne pas alarmer l’officier de la garde. – Il se trame des choses pas très catholiques au palais et j’ai besoin d’hommes de confiance pour faire avorter les complots qui se mijotent et qui risquent de nuire à notre vénéré Roi. Prenez quelques hommes sûrs ; rendez vous au Duché de DZARITE et remettez cette missive au Duc. Arrangez -vous pour le voir en aparté et remettez la lui en main propre mais surtout discrètement. Chuchotez lui que le Marquis a bien médité ses propos et qu’il les trouve fort intéressants ; ça sera le mot de passe…Encore une chose capitaine ; pas un mot au général, pour cette mission vous ne rendrez compte qu’à moi et à  personne d’autre. Je compte sur vous .Vous pouvez disposer et que Dieu vous bénisse ! Le capitaine claqua des talons et sortit en coup de vent. Entre temps et non loin de là, au caravansérail, il se passait bien des choses. Maitre KEDJYOU, ami personnel du Roi et grammairien attitré du Royaume, reconverti à la médecine traditionnelle par la force des choses étant donné qu’il a hérité  du cabinet de son père, Messire DAVE LAYD, spécialiste en herbes médicinales, aujourd’hui retiré dans les fourrures des Castors ; paraissait perplexe. Dans une discrète mezzanine spécialement aménagée en quartier général du service de renseignements relevant directement de la férule du Général ; KEDJYOU, un proche de ce dernier et agent actif, à ses heures perdues, surveillait discrètement les clients. Et c’est ainsi qu’il découvrit un fait troublant. Il remarqua que certains clients, prenaient d’abord une consommation au comptoir avant de se diriger vers une porte, qui à première vue donnait sur une cour où se trouvaient les latrines, or, il se trouve qu’ils ne revenaient pas de sitôt et que le maître des céans, comme si de rien n’était, débarrassait le comptoir sans attendre le retour des clients sortis se soulager. En s y attardant un peu, KEDJYOU remarqua que d’autres clients empreignaient le même chemin alors que les premiers n’étaient pas revenus. Après trois jours et nycthémères de surveillance renforcée, il découvrit que derrière cette porte se cachait une loge maçonnique qui manigançait quelque chose de troublant mais qui lui échappait encore. Un rapport circonstancié fut aussitôt envoyé à qui de droit.

Il arrive au général de montrer un visage moins sévère, seulement cette exception il la réserve à son palefrenier avec qui il échange quelques avis d’écurie. Il aime bien se laisser aller avec celui qui lui fait gagner quelques ECUROS dans les courses hippiques  tout en prenant grand soin de toutes ces bêtes qui font la fierté de la cavalerie qu’il commande, d’autant plus qu’il réserve  un traitement particulier au pur-sang arabe,  cadeau de la comtesse d’Angle Aigu, que monte le général.
En sortant de l’écurie, le général aperçut BENDJI 1ER et décida de faire quelques pas avec lui pour le sonder sur un sujet qui le turlupinait. Après les salamalecs d’usage et les échanges d’amabilités, le général tenta d’orienter la conversation vers son sujet de préoccupation tout en feignant un air naturel et serein.
-Dites-moi mon cher BENDJI, il paraitrait que le Roi s’intéresserait à vos ouvrages littéraires et notamment à votre dernier pamphlet ?
-Excusez -moi mon général, mais je ne vois pas du tout de quoi vous voulez parler.
-Enfin mon ami ! Vous savez parfaitement bien que j’ai mes relais et que rien ne m’échappe ! Je voulais juste savoir pourquoi le monarque ; que vous fréquentez ces derniers temps un peu trop souvent à mon goût, s’intéresserait-il à ce point à l’œuvre littéraire   « la GUELLAA » que vous décrivez avec brio dans votre opus ? Sachez mon cher ami que j’ai des raisons de croire que l’avenir du royaume risque de disparaître derrière des volutes de fumées imprécatoires d’une cartomancienne résolue à nous jeter dans son brasier. -Avec tout le respect que je vous dois monsieur le ministre, laissez- moi vous dire que je viens de lire votre livre, édité par l’imprimerie officielle du royaume et intitulé « L’Histoire de la création de Dieu » Je reste pantois quand je vois l’auteur de ce chef d’œuvre s’inquiéter devant les pseudo effets que pourraient avoir sur notre Roi, quelques maladroites lignes rédigées par un écrivaillon de deuxième ordre. Quant à vos informateurs chèrement rétribués sur les deniers de l’Etat, il me semble qu’ils soient moins fiables que les filles de la grosse Berta, qui égayent la salle des fêtes du caravansérail tout en rapportant aussi fidèlement que possible tous les qu’en dira-t-on ! Excusez-moi mais je dois vous laisser car le devoir m’appelle, mais avant de vous laisser à vos lourdes  tâches, je vous rappellerais que si les fréquentations de Sa Majesté ne sont point à votre goût, je vous suggère de retourner à vos canassons où de démissionner. Bien le bonsoir !! -Mon Seigneur ! BENDJI qui se dirigeait vers la grande bibliothèque où il devait assister à une conférence sur les rêves prémonitoires était étonné de s’entendre interpeler ainsi par le général alors qu’il croyait en avoir fini avec lui. Il était d’autant plus inquiet en voyant le Chef d’Etat Major, droit dans ses bottes à éperons au garde à vous, tenant de sa main gauche le sabre pendant sur le ceinturon serré et saluant de sa main droite.
Mon Seigneur ! reprit l’officier supérieur, Pardonnez ma brusquerie et mon manque de tact mais je n’avais  malheureusement pas d’autres moyens de jauger la situation. Votre réaction à mes propos insidieux et provocateurs ne peut être que la réaction d’un homme sincère et dévoué à la couronne que nous défendons tous  au péril de notre vie.  Maintenant que je suis édifié permettez-moi de vous affranchir sur les manigances de palais.

Tous les pontes du Régime étaient présents à cette rencontre que d’aucuns appelaient déjà le synode de la nuit sacrée puisque elle se déroulait durant la nuit de noël et surtout parce que certains protagonistes étaient fermement décidés à mettre fin à presque un siècle de monarchie en rétablissant la Troisième République. Le sage Roi décida d’abdiquer pour éviter les effusions de sang entre frères et décida de convoquer un conclave restreint pour permettre aux nobles du royaume de se réunir en toute liberté et de proposer la solution la plus idoine.
Et c’est ainsi que la bibliothèque privée du Souverain accueillit toutes ces personnalités. Le premier à pénétrer dans cette salle jadis interdite fut le tonitruant Duc de DZARITE qui avait perdu toute retenue pour devenir un rustre et grossier personnage bavant et riant aux éclats, simulant une émotion calculée, essayant de deviner à qui échoirait la fonction suprême. Derrière lui, Le Vicomte ABIDJAM, d’habitude plus réservé semblait, contaminé par l’hilarité quelque peu malvenue du Duc avec qui il se retrouva en aparté au fond de la salle pour se raconter des blagues salaces comme si l’heure était à liesse. Le général FARES, était livide, son regard en disait long sur son état d’esprit car il se reprochera toujours le fait de ne pas avoir prévenu l’irréparable, lui qui se targuait de connaitre la maison blog  comme sa poche. Le MAARADJIK fourbu, semblait porter tout seul sur ses frêles épaules d’homme âgé, le poids de tous ces malheurs qui allaient endeuiller son beau pays, Il se demandait même pourquoi il était là. Et il se souvint que sa présence était due à l’insistance du Roi qui l’avait désigné, sur proposition du Marquis, grand électeur chargé de l’organisation électorale. Le Marquis, qui le suivit, avait tout réglé comme du papier musique ; il a  d’abord écarté ipso-facto le MAARADJIK en le faisant désigner grand électeur, donc inéligible,  en suite il évita de convier au conclave le chevalier Bendji1er au motif que son rang social ne le permettait pas, et enfin il parvint à soutirer une procuration à la comtesse d’AS DUVAL, qui, revenue fatiguée et déçue par son échec après un long périple européen ; se retira dans ses appartements. Elle n’avait pas réussi à convaincre les chancelleries occidentales d’intercéder en faveur de DARABAH.
Le marquis, en habitué des lieux, installa ses convives à leur place et annonça solennellement l’arrivée du Roi.
Ce dernier, digne et fier dans son uniforme officiel, affichait un regard serein et sa vareuse bardée de médailles, rappelait à ceux qui allaient vite en besogne qu’il était toujours le monarque souverain et le chef suprême des armées et que s’il autorisait ce séminaire, il le faisait en démocrate convaincu, puisque l’abnégation lui commandait de faire passer l’intérêt du royaume et du peuple avant le sien propre.
Mes amis !  Je ne sais pas s’il m’en restera encore après cette réunion. J’accepte de subir cette ordalie comme une épreuve de mon seigneur et j’accepterai donc vos résolutions, cependant, rappelez- vous que lorsque mon défunt père, le Roi DAMAMICHE, que Dieu ait son âme, est monté sur ce trône, il l’a fait avec le soutien unanime de tout le peuple parce que ce dernier ne voulait plus de ces républicains qui trituraient la constitution du pays à chaque fois que les gouvernants arrivaient en fin de mandat pour prolonger leur règne. Le peuple s’est prononcé définitivement sur cette question et aujourd’hui vous remettez sur le tapis ce système. Je suis un homme d’honneur, parce que même Roi, je me considère de ce peuple qui m’a vu naître et grandir.
De grâce ! Épargnez-moi tous vos mensonges et vos facécies, je sais parfaitement bien que c’est l’intérêt personnel qui vous intéresse et non point le bien du peuple ; et c’est justement pour épargner mon peuple que je n’ai pas décidé de sévir en créant une sécession au sein mes forces armées. Quel honneur et quelle joie tirerais-je à voir le sang des miens versé par les miens ? Ecoutons nos cœurs et méditons cette Sagesse Amérindienne :
« Ne te laisse pas distraire par le vacarme des hommes, par leur quête insatisfaite, désordonnée. Ils sont comme l’animal emprisonné dans l’enclos, qui tourne sans comprendre et cherche une issue qui n’existe pas.» …
Je vous informe que quelle que soit l’issue de votre réunion ;je m’adresserai au peuple pour lui dire les vérités qu’il est en droit de savoir, quant à moi j’ai tout le temps de méditer et je tiens à remercier devant vous mes amis, son excellence OMBEN, l’ambassadeur des Amériques qui m’a proposé une retraite dans son pays,  ainsi que le Cheick calais de l’Emirat d’AZIZI qui met à ma disposition un domaine.
Sans même les saluer, le Roi fait demi-tour et quitte la salle en claquant la porte, laissant les assistants dans la  gêne. Le marquis fut le premier à se reprendre ; il proposa à ses pairs de commencer les travaux, et se retournant vers le moine, il lui suggéra de s’assoir à la place du président de séance et d’annoncer officiellement l’ouverture de la cérémonie.
MAARADJIK  était tout retourné par l’allocution du Roi et il se sentait mal. Il était furieux contre lui-même car il avait l’impression de n’être qu’un pantin, un simple figurant d’une fade pièce de petit théâtre. Il ne prit même pas la peine de dissimuler les larmes qui coulaient sur ses joues, il ouvrit son bréviaire qui ne le quittait jamais et sur un ton presque inaudible il commença :
Ce livre que vous voyez ne m’a jamais quitté, il a toujours guidé mes pas. Les   recommandations de mon trisaïeul Sri Nisargadatta Maharaj m’accompagnent là où je vais sans jamais me laisser tomber. Il disait toujours : « Vous n’êtes responsable que pour ce que vous pouvez changer. Votre attitude est la seule chose que vous pouvez changer. Et c’est là toute votre responsabilité » Que vais-je lui répondre ???.
Il se sentit défaillir, sa main tremblotante laissa tomber son livre par terre et il y vit un signe. Seigneur aidez-moi ! Il ressentit une bouffée de chaleur monter à travers la gorge au point de l’étouffer, il haletait à perdre haleine et l’assistance médusée par cette brusque métamorphose resta figée. Des gouttelettes de sueurs commencèrent à ruisseler de son front devenu subitement brillant, ses yeux s’écarquillèrent comme s’ils voyaient un fantôme. Il balbutia des propos inintelligibles qu’on devinait comme des incantations indoues, il se leva brusquement et se mit à déboutonner nerveusement les boutons de sa pelisse grise qui cachait un beau chandail en jacquard aux couleurs vives, et une  chemise en soie blanche fermée au cou par un ruban noir qui l’étranglait , il jeta par terre l’écharpe qui le dérangeait, défit le nœud du ruban, ouvrit sa bouche pour respirer et se dirigea vers la porte de sortie pour prendre un bon bol d’air frais. Il sortit en courant de la bibliothèque et s’adossa contre une armoire en acajou situé au fond de l’antichambre. Seigneur aidez-moi ! Guidez mes pas !
Le vertige le renversa. En essayant de se relever il s’appuya sur  le meuble et s’accrocha à la poignée de la porte de l’armoire qu’il fit tourner involontairement à gauche puis à droite tout en l’écrasant de son poids et c’est ainsi que le miracle se produisit . Surprise !  La porte renvoya un petit grincement, puis crissa et pivota sur elle-même en laissant le moine coi devant ce qui semblait être un passage secret. Il fut étonné par cette découverte  et sourit en y voyant  encore un  signe et sans réfléchir,  il s’y engouffra et referma la porte derrière lui. Il se retrouva dans un petit hall froid, noir et humide qui donnait sur une allée oblongue. Il marqua un temps d’arrêt pour habituer ses yeux à l’obscurité, il descendit quatre marches et se cogna contre un mur et comprit qu’il devait se pencher pour avancer dans un tunnel pas assez haut pour une asperge comme lui .Il s’arrêta net scrutant les lieux et finit par  remarquer un candélabre accroché au mur, il l’arracha avec brusquerie et chercha aux alentours, étant sûr de trouver de quoi l’allumer. Il n’eut pas à chercher longtemps puisqu’il trouva des allumettes cachées juste sous le chandelier, il l’alluma et se mit à courir maladroitement se cognant contres les murs froids qui longeaient ces dédales compliqués et abrupts. Il continua à avancer se fiant à son instinct et après avoir tourné en rond  pendant un bon moment, perdu dans ces labyrinthes, il finit par entrevoir un rai de lumière et il lança un cri de joie. Il passa sa main pour essuyer le sang sur son front et continua d’avancer d’un pas ferme.  Au bout du tunnel il s’arrêta net car il croyait avoir décelé des bruits de l’autre coté du mur. Il frappa des coups de poings de toutes ses forces contre le mur en criant très fort mais il se rendit compte que tous ces efforts étaient vains. Il  faillit perdre patience et paniquer ;  mais subitement il s’arrêta, plia ses genoux, s’assit dans une position de yogi et plongea dans un long silence méditatif. Il revit le petit garçon qui s’initiait à l’art Taôiste, dans le temple où il apprenait le self contrôle et la maitrise de soi ; et il entendit la voix de son vieux maitre chinois qui ne cessait de répéter cette maxime : « Lorsque dans votre cour vous rencontrez un homme trop las pour vous donner un sourire, laissez-lui le vôtre. Car nul n’a plus besoin d’un sourire que celui qui n’en a plus à offrir »  Il refusait de voir le rêve de son ami DARABAH mourir et se promit de lui rendre le sourire. Il ferma ses yeux, leva ses mains vers le haut, les rassembla et se mit psalmodier les cantiques du chef indien Seattle :
« Vous devez apprendre à vos enfants que le sol qu’ils foulent est fait des cendres de nos aïeux. Pour qu’ils respectent la terre, dites à vos enfants qu’elle est enrichie par les vies de notre race. Enseignez à vos enfants ce que nous avons enseigné aux nôtres, que la terre est notre mère. Tout ce qui arrive à la terre, arrive aux fils de la terre. Si les hommes crachent sur le sol, ils crachent sur eux-mêmes. »
Si les hommes crachent sur le sol, ils crachent sur eux-mêmes….Répétait il,  puis,  il se redressa lentement et marcha droit devant lui comme s’il savait exactement où aller. Il revint vers l’endroit où filtrait le rai lumineux, il s’allongea et colla son oreille sur le sol mouillé et après avoir fait le vide autour de lui il parvint enfin à déceler des bruits nets. Il se leva et se mit à sauter sur place et faisant en sorte de retomber de tout son poids sur le sol ; il fit un tel boucan qu’il ne fut pas surpris d’entendre au bout du couloir le bruit d’une porte métallique qui s’ouvrait.
Qui va là ? Demanda une voix de l’autre coté du couloir. Le MAARADJIK suivit instinctivement les bruits de la porte et se rendit compte qu’il était passé par là deux fois de suite et qu’il n’avait rien remarqué tellement elle était parfaitement incrustée dans le mur, surtout que la pénombre ne permettait pas de voir les jointures. Il poussa le jeune homme qui était très  étonné de voir derrière cette porte qui ne s’ouvrait jamais un dignitaire à moitié nu et blessé. Le moine, en perdant son couvre chef dans les couloirs de la mort, n’avait plus de quoi couvrir ses longs cheveux blancs ébouriffés qui lui tombaient sur les épaules, et qui volaient sous le vent violent en se confondant avec les flocons de neige. L’air glacial le revigora et après une bonne inspiration, il se remit à courir, il enfonça la première porte qui menait directement au caravansérail. Les derniers clients de l’auberge  qui s’apprêtaient à rentrer chez eux étaient éberlués devant cette image d’un vieux déguenillé sorti du néant, tel un forcené courant  à perdre haleine et criant à s’arracher la glotte. Peuple de BLOGUIE !!     Peuple de BLOGUIE !  Sauvez votre Roi… mettez fin à cette conspiration ! Il se mit à tourner autour de la petite stèle de la place publique en répétant la même chose. Les enfants d’abord suivirent le vieux fou en riant, vinrent ensuite les femmes qui commencèrent à s’attrouper pour  essayer comprendre ce que racontait ce vieux fou déchainé. Quand elles reconnurent l’homme religieux, d’habitude serein elles comprirent qu’il y avait quelque chose de sérieux qui se tramait et se mirent à crier et à appeler leurs hommes. MAARADJIK se démenant comme un cinglé qui a perdu tout contrôle ne cessait de répéter la même chose. Le Roi est en danger, faites quelques choses, ne laissez pas tuer votre Roi !! Il s’agenouilla et se mit à prier levant ses mains très haut vers le ciel :
Notre bon Père noël ; Qui fête la nativité ;
Sauve notre roi Djamel ; Qui est en captivité.
Il était en transe, il tremblait et s’agitait. IL n’entendit pas le gang qui retentit trois fois pour annoncer un événement important et officiel. En baissant enfin ses yeux du ciel qu’il implorait avec instance, il remarqua que tous les yeux étaient braqués vers la porte d’entrée du palais où se trouvaient réunis tous les dignitaires de l’empire, sauf le Roi qu’il se mit à chercher vainement. Ce dernier était attaché au pilier, sous la voute et surveillé par deux gardes qui ne quittaient pas leur hallebarde plaquées sur ses épaules.
Les soldats s’alignèrent en une haie d’honneur pour laisser passer les membres du gouvernement dirigés par général Farès qui  se rendit directement sur l’esplanade. Le général des corps d’armée et probablement déjà nouveau chef d’Etat affiche une arrogance que personne ne lui connaissait. Il semble vouloir entamer son règne avec une main de fer et pour donner le ton, il déplie un parchemin qu’il lit à haute voix pour bien se faire entendre : -Mes chères concitoyennes ; mes chers concitoyens ; L’heure est grave ! Mais grâce à Dieu le pire est derrière nous ; mes amis ici présents et moi-même, venons de décider après d’âpres discussions de procéder à un redressement révolutionnaire pour mettre fin à au règne des despotes.
Vous n’êtes pas sans savoir qu’à mes heures perdues, je fouine comme un rat de bibliothèque ;je ne vais pas vous étonner en vous apprenant que le Roi déchu gardait dans son bureau  la déclaration  du 19 juin 1965 qui permit aux révolutionnaires d’un pays ami, L’Algérie en l’occurrence,  sous la direction d’un chef éclairé, Houari Boumediène, de renverser le dictateur qui régnait en maître absolu tout comme le faisait notre bon Roi. Etait -ce prémonitoire ? Je ne saurai vous le dire, mais …Toujours est-il que je vais vous lire cette déclaration qu’il semble affectionner et vous vous rendrez compte que l’histoire se répétant, cette déclaration reste d’actualité. Elle est publiée dans un numéro spécial du quotidien El Watan du 27 décembre 2008, à l’occasion de la commémoration du trentième anniversaire de la mort du Président Boumediène. Voici un  Extrait du discours du putsch. « Quelle que soit l’importance de sa mission, nul ne peut prétendre incarner, seul à la fois, l’Algérie, la Révolution et le Socialisme. Quelle que soit la forme que peut prendre la confusion des pouvoirs, elle ne peut permettre de disposer du pays et des affaires publiques dont on a la charge comme d’une propriété personnelle et privée. Une mauvaise gestion du patrimoine national, la dilapidation des deniers publics, l’instabilité, la démagogie, l’anarchie, le mensonge et l’improvisation se sont imposés comme procédés de gouvernement. Par la menace, le chantage, le viol des libertés individuelles et l’incertitude du lendemain, l’on s’est proposé de réduire les uns à la docilité, les autres à la peur, au silence et à la résignation. Le pouvoir personnel aujourd’hui consacré, toutes les institutions nationales et régionales du parti et de l’Etat  se trouvent à la merci d’un seul homme qui confère les responsabilités à sa guise, fait et défait selon une tactique malsaine et improvisée les organismes dirigeants, impose les options et les hommes selon l’humeur du moment, les caprices et le bon plaisir…La mystification, l’aventurisme et le charlatanisme politique ainsi démasqués, Ben Bella, en subissant le sort réservé par l’histoire à tous les despotes, aura compris que nul n’a le droit d’humilier la nation, de prendre la générosité de notre peuple pour de l’inconscience, ni d’usurper d’une façon indécente la caution politique de ses hôtes illustres pour faire avaliser son inqualifiable forfait et sa haute trahison. » Un silence suivit les déclarations du nouveau chef de l’Etat, vite interrompu par un cri sorti de nulle part. – Vive le Roi ! vive le Roi !
Des acclamations s’en suivirent et des hourrah ! Fusèrent de partout
-Cependant, …cependant..Essayait de dire le général pour poursuivre…
-Goujats ! Assassins ! Assassins !!
A ces mots, les responsables se regardèrent surpris par la tournure inattendue des événements et  le vicomte ABIDJAM essayant de paraître plus calme que les autres, esquissa un sourire jaune et voulut rassurer les autres en affirmant que tout ceci n’était qu’un chahut de gamins. Mais dès que les premiers projectiles commencèrent  à pleuvoir sur leur tète, il fut le premier à détaler pour chercher refuge  derrière les gardes avant de  rejoindre l’intérieur du palais.
Les vitres volaient en éclats ;  les jeunes prenaient d’assaut les échoppes et le souk el fellahs qu’ils pillaient  et saccageaient, d’autres, montés sur les toits enneigés, jetaient les cocktails Molotov un peu partout, les écuries prenaient déjà feu, les chevaux et le bétail sortaient de leur enclos en écrasant tout sur leur passage, les cris fusaient de partout, les chiens aboyaient. Une déflagration assourdissante retentit au dépôt des munitions ; les bonbonnes de gaz volaient et pétaient en plein ciel ; les réserves de carburant prirent feu et embrasèrent tous les immeubles mitoyens,  les manifestants couraient dans tous les sens et criaient des  slogans hostiles aux putschistes, les pneus brulés dégageaient une fumée noire et le monoxyde de carbone rendait l’air irrespirable, les agents de l’ordre à court de bombes lacrymogènes ; désemparés, ils bâtirent en retraite. C’était le chaos. BENDJI était livide, il se pinçait les joues et les mains pour s’assurer qu’il ne rêvait pas. Ce qu’il vivait était invraisemblable. En deux temps trois mouvements, sa bourgade connue pour la sérénité de ses habitants est devenue un véritable enfer.
Il crut entendre son nom, il se retourna et quand il leva ses yeux au ciel il n’en revenait pas. Une petite montgolfière surgissait comme un fantôme de la fumée noire se rapprochait de lui. Une personne gesticulait sur le bord de la nacelle en lui faisant signe de se rapprocher. Il courut vers l’aérostat et fut tout surpris de voir DAELMOULOUD, baron de TIKIDOUNT, dans sa longue chemise de nuit beige et son  long bonnet qui pendouillait sur ses épaules. Vite ! Vite grimpe. Il lui balança une échelle en corde qu’il essaya de maintenir à la verticale car elle balançait de gauche à droite.  BENDJI, rattrapa le bout de la corde et s’y agrippa ; seulement le vent le déstabilisa et il retomba sur son arrière train. Il lança un juron et se remit à sautiller pour atteindre de nouveau la corde. Après quelques essais il parvint enfin à s’accrocher ; il haletait et se promit que s’il s’en sortait vivant de ce cauchemar il arrêterait de fumer. Le ballon  commençait à dévier à cause du vent mais BENDJI arriva quand même à grimper quelque marches .IL tendit la main pour rattraper celle de DAELMOULOUD, qui s’était penché le plus possible en avant de la rambarde au point où il faillit tomber. Transpirant et haletant BENDJI parvint enfin à prendre la main de son ami qui le hissa à bord de l’engin. Il n’en croyait pas ses yeux en les ouvrant et en se voyant flottant au dessus de toutes ces fumées et de ces flammes qui ravageaient toute la ville. Il n’oubliera pas de sitôt cette image apocalyptique. Après avoir repris ses esprits, il se retourna vers le patriarche pour lui demander pourquoi il était là alors que tout le monde fuyait.
-Qu’est ce que tu nous as fait mon pauvre BENDJI ? demanda le vieux sur un ton plein de reproches. Heureusement que j’ai eu le temps de faire un crochet par chez toi et ton fils a recopié tous les fichiers de ton PC sur ce flash disc. Nous n’avons pas beaucoup de temps surtout que je n’ai pas pu trouver de station service pour faire le plein d’hélium, ces pauvres bougres ne vendent que du SIRGHAZ.
BENDJI ne comprenait toujours ce qui était attendu de lui et regarda son ancien maître comme une vache qui regarde un train passer.
-Remue ton gros cul ! Éclata le patriarche ; tu ne comprends donc pas que tu es responsable de ce chaos  et que tu es le seul à pouvoir faire quelque chose. Ton fils et moi avons bien essayé mais tous les dossiers sont protégés par un mot de passe. Prends vite ce micro portable et ce flash disc et efface moi cette putain de version de ton royaume de BLOGUIE !!!.
BENDJI comprit enfin  où le patriarche voulait en venir, il eut un sourire qu’il ravala tout de suite après en se rendant compte que la mission pouvait être suicidaire.
-Mais ?? Si j’efface, il ne restera rien, ni vous, ni moi, ni royaume…
-Le temps presse, tu as exactement quatre minute pour agir car la batterie est à plat, alors secoue toi et sors  nous de cette merde.
Voyant que BENDJI hésitait, DA EL MOULOUD, sortit d’un sac accroché en bandoulière un  pistolet automatique et plaqua le canon sur sa tempe en la menaçant :
-Ecoute mon beau salaud je ne vais pas hésiter à t’exploser ta cervelle de moineau mal nourri. J’étais bien calé dans mon fauteuil douillet, bien au chaud à regarder les «  feux de l’amour » quand j’ai reçu un SMS me priant d’intervenir pour aider le Roi. J’ai du emprunter à monsieur Jules Verne  son ballon alors qu’il envisageait de partir pour cinq semaines. Je n’ai même pas eu le temps de me changer et de me couvrir et malgré mon arthrose mes rhumatismes, et mes problèmes de tension artérielle,  je suis venu, bravant les tempêtes de neige et le vent glacial ; Et toi, petit merdeux tu sembles hésiter !
BENDJI avait déjà commencé à brancher le micro ordinateur pour donner une autre fin à son histoire ;  entre temps le patriarche sortit  un appareil de vidéo projection qu’il calla sur le bord de la nacelle et qu’il régla soigneusement. Avec son téléphone portable il informa « un ami »  qu’il aurait besoin  d’un écran géant pour faire participer toute la population au dénouement de cette sordide affaire. Il lui suggéra d’étaler un grand drap blanc sur la façade principale du palais.
Pendant que BENDJI pianotait nerveusement sur son clavier, le patriarche lui rappela qu’il lui restait moins d’une minute. Il lui suggéra de reprendre son histoire juste avant l’embrasement.      Ainsi donc,  le général Farés, au sortir du conclave, devrait afficher un sourire béat et lire devant la population une pétition qu’il souhaiterait voir signée par l’ensemble de la classe politique ainsi que par tous les citoyens où ils solliciteraient du ROI DARABAH, une « OUHDA THALITHA »
Sur le drap tiré par des cordes et accroché au mur, un écran bleu se dessina par le faisceau de lumière dégagé par le rétroprojecteur. Tous les regards étaient braqués vers l’écran quand ce dernier afficha un cadran numérique avec un compte à rebours.
On pouvait lire sur le cadran affiché en rouge le chiffre huit
Toute la population se mit  à suivre le compteur et tous en chœur ils crièrent :
-Sept ;  six ;  cinq ; quatre ; trois…
Ceux qui se signèrent, se signèrent ; d’autres se prosternèrent ; les autres fermèrent les yeux ; et les plus audacieux crièrent : Deux ; ….UN
L’écran Afficha en caractères gras et italiques :
B O N N E   A N N E E  2 0 0 9
Malheureusement, la liesse fut de courte durée car, après deux bips, l’écran afficha un nouveau message :
BATTERIE FAIBLE.
Grâce au vénéré patriarche, le royaume, tel sphinx, renaquit de ses cendres. Le Roi et les autres vécurent heureux et … Djilali Benbrahim.

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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2 Réponses à “Au royaume de bloguie 2”

  1. maaradji khaled Dit :

    C’est magnifique!
    Quelle imagination et quelle beauté littéraire!
    Mais permets-moi de te dire que le pauvre Maaradjik a bien payé sa fidélité au Roi !(DARABAH,il faut en tenir compte !)
    Bonne continuation Bendji 1er.

  2. Un ami Dit :

    Tout simplement monumental!
    Bonne annee a tout le monde.

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