3. C-News : Parlez-nous de vos travaux d’enregistrement, de collectage ?
Nora Aceval : Le collectage ,la narration, la transcription et la traduction sont imposées en même temps .Très tôt j’ai pris conscience du risque
qu’encouraient nos contes oraux :L’oubli .Cela, faute ,pour les gens ,de trouver le temps de les dire e les entendre régulièrement .De là ,ma narration fut complétée par le collectage et l’écriture .Peu à peu je me suis « spécialisée »…La passion s’est accompagnée d’un devoir de mémoire .Narrer rime avec écouter .La collecte n’est aisée et même possible que dans les milieux familiers ,ceux que l’on connait .Lorsque je ne connais pas les personnes j’ai un guide. Un(e) ami(e)ou un membre de ma famille qui m’invitent à rencontrer et écouter une grand-mère ,un grand-père ou une vieille tante qui détient un répertoire .
Il existe un protocole ,je tisse des liens avant d’enregistrer ,j’explique le pourquoi et le devenir de la parole prélevée .Parfois ,lorsque l’appareil gêne ,j’utilise ma mémoire de conteuse .Il me suffit d’entendre une histoire une seule fois ,pour ne plus l’oublier .Le collectage exige que l’on vive avec les gens et impose que l’on partage leur quotidien quel qu’il soit .Le rituel demande que l’on attende la nuit avant de conter ,car une vieille croyance prétend que raconter de jour vous rend chauve .Si on n’y prend pas garde le conteur va affirmer avec courtoisie ne pas connaitre d’histoires .Il n’avouera pas forcément qu’il craint la malédiction .La nuit invite au repos et la parole se libère mieux .Shéhérazade ne contait que la nuit .S’il avait été possible de conter le jour ,le roi avait tous les pouvoirs de l’exiger .S’il ne l’a pas exigé c’est que l’interdit était lourd .Voilà un sujet d’étude pour les chercheurs .
Comme il ne s’agit pas d’accumuler des histoires mais de sauvegarder un patrimoine en n’occultant ni l’art narratif ,ni le contexte ,je me suis spécialisée dans les hauts plateaux de Tiaret .Le terrain pour moi est prêt .Il a fallu dix ans pour convaincre maintenant on me connait et je collecte .
J’ai souri un jour en tombant sur cette citation : « Cela dit ,il m’arrive de collecter ailleurs lorsque le terrain est propice comme cela s’est produit à Alger ,en Kabylie ,en France ,en Pologne ,en Allemagne.
Les NEWS Culturelles septembre 2008-Dossier Ramadhan-
Par Anis Ayoub
21 novembre 2008
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