Culture : LES CONTES DU TERROIR ALGÉRIEN PRIMÉS
Nora Aceval les sauve de l’oubli
De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed
«Je dédie ce prix à ma mère qui ne savait ni lire ni écrire, mais qui aimait la lecture et m’a conduite sur les chemins de l’école.» C’est en ces termes que Nora Aceval s’est exprimée mercredi à Paris au moment où on lui remettait le prix Saint-Exupéry Valeurs Jeunesse, dans la catégorie «Album», pour sa dernière œuvre le Prince Tisserand. Versée et bercée de contes du terroir algérien, l’écrivaine franco-algérienne (père français et mère algérienne) n’est pas une inconnue dans les milieux littéraires français.
Au-delà de ces milieux, Nora Aceval est aussi connue dans l’immigration auprès de qui elle se rend, parcourant les foyers Sonacotra (devenus Adoma) à la rencontre de travailleurs ignorés de la population environnante, dans l’isolement et le dénuement. Elle y organise des soirées de récitations de contes du Maghreb. Dire ses textes, préserver et transmettre le patrimoine oral. En recevant son prix des mains de Caroline de Puységur, présidente du prix Saint-Exupéry, et devant une foule de personnalités du monde de la culture française et étrangère, la lauréate a vu son parcours, fait de quête, d’écoute, de transcription et de mises en texte, couronné par une prestigieuse récompense. L’album primé le Prince Tisserand est un fabuleux conte mettant en scène un prince et une princesse mais surtout ayant, comme tous les contes de nos aïeux, une incontournable leçon de vie, un enseignement de valeurs puissantes. En l’occurrence et pour cet album primé, l’apprentissage d’un métier est une nécessité, une bouée de sauvetage, et les positions de pouvoir ne sont jamais qu’éphémères. «C’est un hommage du petit prince (de Saint- Exupéry) au prince Tisserand, a déclaré à la lauréate Patrick Poivre d’Arvor, membre du jury. Outre le très beau texte de l’auteure, l’illustration est d’une très belle facture et fait de cet ouvrage une œuvre d’art accomplie. Elle est signée de Laureen Topalian, diplômée des Beaux-arts de Paris, qui utilise la technique des miniatures persanes et qui a à son actif l’illustration des Contes des Mille et une Nuitsainsi que les Merveilles du Monde racontées aux enfants, deux ouvrages des éditions de La Marinière, produits respectivement en 2005 et 2006. Nora Aceval, qui vit à Creil, dans l’Oise, n’en est pas à son premier ouvrage. Ses contes puisent dans le patrimoine oral que lui a transmis sa mère lorsqu’elle était enfant vivant dans la région de Tiaret. Elle a ainsi commis, entre autres ouvrages : L’Algérie des contes et légendes Maisonneuve et Larose en 2003 ; Enigmes et devinettes du Maghreb ; les Contes berbères ; les Contes nomades H’hididouène et l’âne de l’ogresse ; Contes du djebel Amour ; Contes grivois populaires… et beaucoup d’autres contes sauvés de l’oubli. «Ce prix donne l’occasion de souligner le rôle prépondérant de l’apprentissage d’une langue bien construite, formidable outil de liberté qui permet à un enfant de réussir non seulement son parcours scolaire mais également son intégration sociale.» Cette déclaration de la présidente du jury du prix Saint- Exupéry Valeurs Jeunesse n’est pas une simple profession de foi. Fondé en 1987 par les héritiers Saint- Exupéry, ce prix récompense chaque année les livres qui parlent aux jeunes et qui les conduisent à cette liberté à travers la connaissance et l’ouverture sur l’autre. Cette année, le prix a récompensé 3 catégories d’ouvrages : catégorie Album pour les petits (attribué à Nora Arceval) ; catégorie Roman pour les collégiens (attribué Anne-Sophie Silvestre pour Josephine de La Valette) et catégorie Francophonie (attribué au canadien Michel Noêl pour Hush Hush). Des comités de lecture, constitués de jeunes des écoles et collèges de France et d’autres pays (Suisse, Maroc, Argentine), ont procédé aux présélections de ces ouvrages primés.
K. B-A.
4 novembre 2008
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