De Belfedhal Said
Dans figures de la ville
Figures de mon village
Des personnages – de petites gens en fait – ont su tisser entre eux et la population par leur spontanéité et leur débilité tout à fait sympathiques des liens étroits, parfois même passionnels. La plupart sont décédés et il serait indécent, voire injuste de ne pas honorer leur mémoire, maintenant que ces mascottes appartiennent au patrimoine du bled. Sans ces personnages, le village aurait l’air d’une œuvre inachevée.
1- Hadj Bouhadja, « le soldat inconnu »
El Hadj Bouhadja en est le plus prisé car il se distinguait par son nationalisme hilarant de tous les autres « fous du village » (cette expression est totalement vidée de toute connotation réductrice et méprisable !). Plus nationaliste que lui, tu meurs ! On raconte qu’il avait dû subir un choc durant l’occupation à l’occasion d’une rafle et que depuis, il ne s’en est jamais remis, alors…indépendance ou pas indépendance, El Hadj continuait toujours sa guéguerre, en fanfare ! En tenue militaire, le brassard aux couleurs de son pays si cher, le sifflet à la bouche, une plaque d’agent communal couronnant sa tête, il dandinait comme un canard hautain et fier. Prenant sa tâche très au sérieux, il faisait le policier et hélait la foule, ensuite, au pas et mettant tout son cœur dans son retentissant appeau, il sifflait sans fin dans ces défilés commémoratifs tout au long de la première décennie post-indépendante. Se démenant comme un diable, il surveillait les garnements indésirables et assurait à lui seul et à sa manière l’ordre public ! Sa soldatesque avait miné son âme et sa tête. Ne se faisant jamais prier, aussi à peine la mère patrie avait-elle besoin de ses services, que ce dévoué citoyen se mettait sur son trente et un ! C’était un va-t’en-guerre infatigable qui longeait les rues du village, larguant à profusion jusqu’à baver des espèces de jurons à qui voulait l’entendre…Mais je lui connus, en dehors de sa fibre hautement nationaliste et de ses « bains de foule atypiques » des attitudes plus sereines. On pouvait par certaines après-midi d’été, le surprendre étendu là sur le parterre de la placette publique, endormi à poings fermés, en débraillé et la bouche béante en train de zézayer faisant la réplique aux bourdonnements réguliers des mouches qui lui patrouillaient tout le visage. Le juste repos du guerrier !
Je regrette un peu notre méchanceté d’enfant. Il fréquentait notre quartier et nous ne cessions de l’accabler de sobriquets et d’autres propos du genre : « Hadj Bouha-dja, guermoun-tou aou-dja… ! » Qu’il nous pardonne notre désinvolture !
25 octobre 2010 à 3 03 35 103510
Voir l’extrait de naissance de Reguieg Hadj connu sous le sobriquet « Hadj Bouhadja
http://toutsursougueur.unblog.fr/2010/10/25/figure-de-mon-village-hadj-bouhadja/
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