La première année scolaire de l’Algérie indépendante.
Du professeur : Monsieur Khatmi Mohamed
« Dans souvenirs d’un éducateur »
En septembre 1962 a été formé le premier gouvernement de l’algerie indépendante sous la présidence d’AHMED BEN BELLA. ABDERRAHMANE BENHAMIDA en faisait partie comme Ministre de l’Education Nationale.
Notre pays exsangue commençait à panser ses blessures et souffrait énormément du manque de cordes dû au rapatriement des pieds noirs, et particulièrement dans le domaine de l’enseignement.
L’idée que je deviendrais un jour éducateur m’avait toujours hanté alors que j’avais moins de 17 ans. Le 22 octobre 1962, jais été nommé sur un poste vacant à l’école de garçons rue Jeanne d’Arc, aujourd’hui Lalla Ftma pour français.
C’était pour moi une double satisfaction : celle d’avoir contribué à relever le défi et celle d’avoir réalisé mon rêve.
A l’époque, il n’y avait pas l’Académie de Tiaret et c’était l’Inspecteur départemental qui affectait les enseignants du primaire. L’Inspection départementale avait son siège dans un appartement aménagé et transformé en bureaux, sis en amont de l’école pasteur, en face du lycée IBN ROUSTOM.
Nous avions comme directeur BENAISSA AEK ancien directeur d’école en retraite depuis 1958, et qui par nécessité de service, avait rejoint son poste d’origine après avoir été sollicité par les responsables de l’éducation.
Il avait fait ses preuves d’éminent pédagogue ayant une personnalité et une solide expérience.
Il était craint et respecté de ses élèves, de ses instituteurs et de la population de TREZEL.
Il possédait l’art de s’exprimer et d’écrire et il était inimitable dans son écriture.
J’étais le benjamin de l’école. Nous formions une équipe pédagogique unie, tellement unie qu’avant la rentrée des classes, après la sortie et pendant la récréation, exception faite pour les maîtres de service qui se trouvaient dans les secteurs désignés par le directeur et dont ils étaient responsables, ceci dans le but d’éviter tout accident, conformément à la législation scolaire.
La plupart du temps, Monsieur BENAISSA s’enfermait dans son bureau et faisait son travail administratif. Quelque fois, il se joignait à nous et prenait part au sujet de conversation.
Personne n’osait plaisanter devant lui ou le contredire.
Nous étions tous ponctuels et il n’avait jamais fait de remarque à un de ses adjoints. Même pendant son absence de l’établissement, nous faisions convenablement notre devoir.
Les collègues de travail que j’avais trouvés le jour de mon installation étaient des maîtres des chevronnés sympathiques, à l’air jovial et prêts à rendre service en toutes circonstances.
Nous discutions ensemble de toutes les questions liées à l’enseignement ( préparation, conduite d’une leçon, difficultés rencontrées en classe par le maître et pour y trouver les solutions idoines).
Mais de temps en temps pour rompre la monotonie, la morosité, nous entendions une entendions une anecdote ou une blague qui était racontée. Ce qui nous faisait rire, ce n’était pas la blague mais la manière de la dire avec les gestes et les grimaces.
Ceux qui animaient la discussion, c’étaient surtout CHEIKH DAHO, MAHMOUDI AEK, AIT MOULOUD MOULOUD, BENMESBAH MAHMOUD, POLI JEAN DOMINIQUE, ABAID KOUIDER.
Vraiment, je ne trouve pas les mots pour évoquer à mes chers lecteurs cette ineffable entente qui nous unissait.
L’horaire de rentrée en classe et de sortie était de 8heures et 13heure pour la rentrée et 11heures et 16heures 30pour la sortie.
Mais toujours a près la sortie ou presque, nous étions quatre ou cinq à aller faire ensembles un tour en ville.
Nous prenions ensemble un café ou une limonade avant de faire nos emplettes et rejoindre la maison pour le déjeune.
Au mois de janvier 1963,le Ministre del’Education a décidé l’organisation des cours du soir au profit des adultes illettrés de 18heures à 20heures .
Chacun de nous assurait son service selon un emploi du temps établi par le directeur. Nous étions animés de volonté, d’abnégation et enthousiasme et la plupart du temps, celui qui n’avait pas cours venait à l’école et assistait à la leçon d’un de ses collègues .
La même année,ont été organisées les enseignants des écoles primaires, du CEG et des élèves du CEG.
Les répétitions se déroulaient dans notre école. Même celui d’entre nous qui n’était pas acteur venait y assister. Le thème était toujours la révolution.
Il y a eu des séances de théâtre payantes à l’intention à Sougueur mais aussi dans d’autres villes. Le succès remporté par la troupe a été la conséquence des grands efforts qui ont été déployés. Le public était vraiment émerveillé de voir nos acteurs. Il y avait aussi la chorale animée par les élèves du CEG. Le 1er mai, nous avons organisé un défilé grandiose à Sougueur à l’occasion de la fête des travailleurs, en tenant les drapeaux et les banderoles. C’était vraiment un temps solennel ! Le secrétaire général de l’UGTA était Mouloud Ouméziane. Cette année la le gouvernement a décidé la création du Fonds National de Solidarité (F.N.S.) pour permettre à l’économie algérienne aléatoire de prendre son essor. L’appel à l’aide a été entendu par le peuple qui n’a pas tergiversé pour faire le devoir envers la patrie par les dons en argent et en bijoux. Dans les écoles, le personnel et les élèves eux aussi ont porté leur contribution. Nous n’avions pas fait exception à la règle dans notre école. Nous portions l’Algérie dans nos cœurs parce que nous l’avions toujours aimé et nous l’aimons toujours. Le mois de juin fini, nous sentions venir les vacances. Ainsi s’achève la première année scolaire de l’Algérie indépendante.
28 septembre 2008
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