O, rage, o désespoir et mille fois hélas !
J’ai vu l’enseignant souffrir.
Il fut un temps, quand les animaux et les plantes parlaient aux humains,ou l’enseignant était le MAITRE ;
Sa valeur était inestimable, irremplaçable parce que tous avaient pris conscience de son importance. Ils savaient que sa tache très noble était très difficile puisque son rôle n’était pas de confectionner, simplement des costumes,des chemises blanches et des cravates,mais de former des hommes et des femmes capables de réfléchir,de juger,d’évaluer,de décider,de construire et réussir.
Les temps changent et les valeurs et leur échelle sont prises ,englouties et diluées dans un tourbillon sans fond.
J’ai vu l’enseignant souffrir.
Incapable de joindre les deux bouts, il est obligé parfois de se travestir en clandestin,en trabendiste,en vendeur d’eau,de cigarettes ou de ferrailles. J’ai vu l’enseignant souffrir.
Confectionner des « montagnes » et des « montagnes » de fiches, dans un hamam ou sous la tôle à gouttières, accroupi sur une natte à la lumière d’une bougie. J’ai vu l’enseignant souffrir.
Marcher des kilomètres et des kilomètres de piste, pour rejoindre son école,un sac de pain et de légumes sur son dos,sous une pluie glaciale. Une tuberculose faillit l’emporter pour avoir voulu à tout prix nourrir l’esprit et le corps de ses petits élèves ruraux. J’ai vu l’enseignant souffrir.
Malade, fiévreux, souffrant, miséreux, mais courageux et consciencieux, il présente ses leçons et s’acharne à communiquer le savoir. J’ai vu l’enseignant souffrir.
Quarante élèves par classe et plus. Des centaines de modèles d’écriture, des devoirs à apprécier,des erreurs à corriger,des fautes à éliminer,des caractères à comprendre et à modeler. des boules de nerfs à maîtriser,des fatigues à surmonter,des problèmes à régler. J’ai vu l’enseignant souffrir.
Souvent sans craie, sans tableau, sans matériel, sans livres, sans budget, sans mazout, sans cantine, sur des estrades branlantes et des tables « estropiées »sans dossiers. A l’heure de l’informatique et de la grande technologie,il essaie de se débattre et s’acharne quand même à communiquer le savoir.
J’ai vu l’enseignant souffrir.
Se mettre à la recherche des documents introuvables ou à des prix inabordables qui le mettent dans une situation extrême ou il faut choisir entre le livre et le pain quotidien. J’ai vu l’enseignant souffrir.
Rejoindre son poste,dans l’endroit difficile et peut être mourir. J’ai vu l’enseignant souffrir.
Dans une ambiance de problèmes sociaux, les plus divers,de stress,d’angoisse et d’inquiétude d’avenir incertain. Peut-on bien enseigner, bien communiquer, bien assimiler. J’ai vu l’enseignant souffrir et souvent réaliser des prouesses,des miracles.
J’ai vu l’enseignant souffrir.
On l’accable de tous les maux. Et de tous les doigts,il est désigné,
Tous les regards,sur lui,sont braqués Les parents sont mécontents,les élèves ennuyés.
Les supérieurs toujours insatisfaits Mais à qui la faute ? À qui la faute ? J’ai vu l’enseignant souffrir.
Blessé dans son amour propre,
Il relève la tête et s’interroge, Est-ce ma faute ou celle du système ?
C’est peut être une question de formation ? De vocation ?d’abnégation ?d’évaluation ? C’est aussi peut être une question de considération,
De rémunération,de compréhension ? D’alimentation ?n’est ce pas ? Pourquoi pas ? J’ai vu l’enseignant souffrir ;
« ventre creux n’a pas d’oreilles ». Peut- on faire bien assimiler leçons et exercices
A des bambins,à des adolescents,à des adultes Souvent sous alimentés,en état de stress chronique.
J’ai vu l’enseignant souffrir ,mais espérer une formation digne du 21ème siècle. Utiliser des moyens didactiques modernes,des programmes ou l’humanisme,la liberté,la tolérance,le respect mutuel….seront mis en valeur et inculqués aux générations futures. Il espère une meilleure considération. La valorisation de sa fonction par un salaire décent qui lui permettra de se libérer des contraintes matérielles pour ne se consacrer corps et âme qu’à l’éducation,la culture et l’instruction.
Inchallah !
13 août 2008
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