Mon jardin secret
Mon jardin secret
Je regrette d’avoir été un témoin passif de la détérioration graduelle d’un fameux jardin public, mon jardin secret dont le souvenir me succèdera, éternel. Je le porterai tendrement en mon cœur. …
L’autre jour, comme tous les jours, en passant devant la porte principale, je voulais entrer comme je le faisais il y a quelques années plus tôt mais j’y ai renoncé. Ni le cœur, ni l’envie, absolument rien ne me disposait à tenter un pas. Pourtant, sans doute sous l’emprise d’une irrésistible nostalgie, je m’ y trouvai dubitatif au beau milieu de l’une de ses allées naguère tout embaumée de parfums aux odeurs enivrantes. J’ai peine à croire à ce spectacle amer qui s’offre à mes yeux, qui s’impose à moi ! Parce que trop violent, injustifiable, je le récuse ! Mes souvenirs d’enfant et d’adolescent se démolissent, se volatilisent…endoloris devant un tel gâchis. Notre jardin se meurt chaque jour un peu plus…Et cela dure des printemps. Il agonise notoirement au su et au vu de tout le monde et personne ne bouge le petit doigt. Serait-on si oublieux et renierait-on alors les mille et une fiertés que nous procurait ce petit coin de paradis ? Jardin de nos immatures amours, jardin de nos ingénus jeux, des plus folles de nos chimères, des plus exaltées de nos chansons, pourrais-tu nous pardonner un jour notre bêtise meurtrière ? Cette légèreté irréparable de faillir à la perception du beau ? Il faut bien le dire – et depuis longtemps déjà – cet idéal de l’homme écologique prémunissant son environnement n’est plus de mise. Dans l’esprit des hommes d’à présent, d’autres attentions sont nées : il n’y a plus de place pour un arbre, encore moins pour une fleur…Et puis un jardin, c’est quoi ? Notre mental est peuplé de « lots à bâtir » de « fonds de commerce à promouvoir » et « d’entreprise à gérer »…Tout virevolte autour de ce qui rapporte…Alors un jardin aussi public soit-il n’est guère une affaire féconde !
L’impudence nous conduirait-elle jusqu’à éliminer les espaces verts au profit de la seule loi aride et avide du profit ? L’homme économique serait-il en train de prendre le dessus alors ? Et comme pour certifier qu’un drame ne vient jamais seul, il a fallu que Dame Nature s’en mêle : Une tempête belliqueuse est venue déchoir les pins les plus vieux…Signe des temps ? En une seule nuit, des témoins séculaires garnis d’histoire et de souvenirs succombent, terrassés. Longtemps négligés, marginalisés, désertés, abandonnés, ces pins méritaient le repos éternel. En cela, ils rejoignent ceux qui les ont aimés et entretenus avec inclination et respect.
De notre jardin municipal il ne reste aujourd’hui que l’ombre, quant à son âme comme ses arbres doyens, elle s’en est allée regagner ses amoureux inconditionnels, ces hommes de haute foi, si aimants, si humains et si humbles à la fois. Paix à vous M. BENAOUMEUR, M. AISSAOUI. Notre enfance et notre adolescence portent en elles la trace indélébile de votre amour, de votre passion pour le beau. Vous fûtes les gardiens assidus de ce que fut ce jardin public : Un précieux bouquet de fleurs au cœur d’un beau village des hauts plateaux…Certainement, l’un des plus admirables d’Algérie…! Ah, chagrin quand tu nous tiens ! Belfedhal said
10 septembre 2008 à 0 12 28 09289
Mon Cher Ami Said,
Désarmé,je ne peux que joindre mes regrets et mes larmes aux tiens devant ce spectacle dévastateur du patrimoine de notre petit joyau,Sougueur.
Il me vient à l’esprit une petite anecdote qui appuie l’importance qu’avait notre jardin public que tu as évoqué si bellement avec tes paroles d’un grand amoureux.
A la fin des années 70,je me rappelle avoir fait visiter le jardin à un ami qui fut mon invité.Aprés une promenade dans les différents coins de ce petit paradis,on a pris un moment de repos sur un banc face au jet d’eau,un moment de silence s’imposa et puis il me dit: »Khaled , tu sais que vous avez ,à Sougueur ,une partie du Jardin du Luxembourg.Elle est belle votre petite ville! »Même en cachant ma fierté, je n’ai pas attendu cette affirmation pour me rendre compte de la beauté de Sougueur ,mais j’ai réalisé la splendeur de ce joli bouquet qui l’ornait superbement.
Oui ,cher ami, tout s’est détérioré sous nos yeux larmoyants, car nous sommes peu nombreux ,donc impuissants devant les destructeurs du beau.
Et malheureusement le jardin public s’en va avec la place du centre,le boulodrome,le stade,les parcs de la SAP et de l’hydraulique….